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Les femmes dans les Armées de Napoléon

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Les femmes dans les Armées de Napoléon Empty Les femmes dans les Armées de Napoléon

Message  Pied Rouge Lun 2 Nov - 15:28

Les femmes dans les Armées de Napoléon

de Robert Ouvrard



Lorsque l'on veut évoquer les femmes dans les armes de l'empire, il faut distinguer :
Celles qui sont là de manière officielle, les blanchisseuses, les vivandières et les cantinières
Les femmes combattantes
Les prostituées

Vivandières, cantinières et blanchisseuses :

Au premier rang des femmes qui partagèrent la vie quotidienne des soldats, ces femmes robustes qui, rarement, inspiraient d'autre tendre sentiment que la reconnaissance: les cantinières et les vivandières.

Les vivandières (mais il y a aussi des vivandiers) s'occupent de la nourriture, quelles ont le droit de vendre, ainsi que des objets de première nécessité (papier lettre, lacets, boutons, eau-de-vie, vinaigre), des prix raisonnables. Elles sont sélectionnées par le conseil d'administration du régiment. Elles reçoivent ailleurs alors une "Patente de Vivandière", spécifiant quelles doivent obéir aux règlements militaires, toujours avoir avec elles les objets les plus nécessaires aux soldats, et les vendre un prix raisonnable. Cette patente comprend également leur signalement (origine, age, taille, couleur des chevaux et des yeux, forme du nez, etc.), la liste des animaux et véhicules en leur possession (généralement, elles possèdent, lorsqu'elles sont attachées à un bataillon ou un escadron, un cheval), enfin un numéro d'enregistrement.

Un décret de 1810, leur donne droit, en temps de guerre, aux soins gratuits dans les hôpitaux militaires, remboursement des frais étant effectués par leur corps d'origine.

Leur nombre a été fixé par un arrêté de l'An VIII, qui prescrit par ailleurs que ces femmes doivent être des citoyennes de bonnes manières, mariées à des soldats ou sous-officiers en activité de service, reconnues les plus actives, les plus utiles aux troupes, et "dont la conduite et les mœurs est des plus régulières."

Elles arborent, en guise de badge, un tonnelet, qui, autant que faire se peut, contient de l'eau-de-vie, défaut n'importe quel remontant. Pour servir, plusieurs petits gobelets., quelles essuient éventuellement avec leur tablier entre deux clients.

La cantinière est l'épouse du cantinier, marchand de comestibles. Tous deux suivent l'armée, s'établissant au besoin dans les places principales. Hélas pour elles, on a le plus souvent oublié le nom de ces femmes, au profit de celui des vivandières.

Quant à la blanchisseuse son rôle est limité au nettoyage des chemises, caleçons, mouchoirs, guêtre des soldats. Il y en a deux par bataillon, une par escadron. Elles sont patentées par le commandant de gendarmerie, tout comme ses consœurs vivandières et cantinières.

Ces femmes furent la plupart du temps au milieu de l'action, sinon immédiatement derrière la Ligne. Ainsi à Austerlitz : les vivandières du 26e de ligne apportent de l'eau-de-vie aux soldats sur le champ de bataille, sans, bien sûr, recevoir de rétribution. Beaucoup furent décorées, d'autres citées, certaines eurent la Légion d'honneur.

Quel était l'habillement de ces braves femmes ? En fait, il n'y a jamais eu d'uniforme pour les cantinières. Mais celles qui eurent l'autorisation de servir dans la Garde Impériale avait un semi-uniforme choisi par elle-même avec un chapeau de cavalerie (le genre que les femmes portent pour les chasses à courre) et une redingote bleue de cavalerie de la Garde, et en général se conduisirent et s'habillèrent beaucoup plus sérieusement que les autres cantinières de la Ligne. Mais on peut trouver des illustrations montrant des cantinières de la Garde portant de simples vêtements civils, ou celles du 15e d'infanterie léger, portant une sorte de dolman rouge revers bleu clair des hussard et une plume rouge et verte sur son chapeau.

Les estampes, mensongères comme toute imagerie, se sont plues à nous montrer cantinières et vivandières sous un aspect pimpant peu conforme la réalité : ne voit-on pas sur ces images d'accortes créatures vêtues de robes de velours ou de satin, chausses de bottes seyantes la hussarde et crânement coiffées du bonnet de police ? Je vous renvois par exemple à l'accorte Marie de la Fille du Régiment, de Donizetti. La réalité est plus simple et moins brillante : ces femmes, pour lesquelles rien n'est prévu, portent ce qu'elles trouvent ou ce que leur fournissent les soldats en échange d'une rasade de tord-boyaux.

Et elles sont le plus souvent loin d'être ce que l'on appelle aujourd'hui des top model. Car il leur faut des muscles, pour porter leurs biens au travers des lignes ou maîtriser un cheval récalcitrant. Elles se lavent le visage lorsqu'elles le peuvent, c'est dire rarement, et à la hâte. Elles ont "de la voix", car il faut pouvoir se faire entendre au milieu de la mitraille, ou au milieu de vingt soldats enivrés et chantant à tue-tête.

Cette vivandière avait environ trente trente quatre ans. Sa mise était bizarre, mais propre ; son accoutrement consistait dans une jupe de toile peinte, une veste de drap gris, une ceinture de peau, des guêtres, un vieux feutre qui couvrait sa tête déjà enveloppé d'un mouchoir en marmotte. Sans être laide ni jolie, sa figure avait beaucoup d'expres​sion(Cadet de Gassicourt)

Il était assez dôle de voir ces dames vêtues de robes de velours ou de satin trouvées par des soldats qui les leur vendaient moyennant quelques verres d'eau de vie. Le reste de la toilette n'était pas en harmonie, car les bottes à la hussarde ou le bonnet de police la complétaient d'une manière assez grotesque.

Supposez-les présentées ainsi vêtues, à califourchon sur un cheval flanqué de deux énormes paniers, et vous aurez une idée du coup d'œil bizarre que tout cela présentait. (Elzar Blaze)

Comment débutaient-elles dans ce rude métier ? En accéléré, voici le déroulement type de carrière de ces dames : elles commencent par suivre un soldat qui a su insuffler de l'amour dans un cœur pas encore endurci. Comme leurs hommes, elles cheminent d'abord à pied avec, pour le moral des autres, un baril d'eau-de-vie en sautoir. Au bout de quelques semaines, ou même de quelques jours pour les plus adroites, les voici confortablement installées sur un cheval "trouvé" ou acheté à un soldat. A gauche, à droite, par-devant, par-derrière, des amoncellements de barils, de cervelas, de saucisses, de fromages, habilement disposés. C'est le début d'un petit négoce qui ne prospèrera qu'à force d'énergie, de vigueur, d'endurance à la froidure, la pluie, la boue et la neige.

Leur tente devient bientôt, au camp, un "salon de compagnie", où l'on vient boire, fumer, causer ou jouer. Et les officiers ne sont pas les derniers à s'y rendre.

Autant de qualités qui font de ces pittoresques dames les dignes homologues des vieux grenadiers. Et elles ne sont pas chichiteuses pour un sou, nos cantinières. Enceintes plus souvent qu'à leur tour, elles accouchent au pied d'un arbre, sans vapeurs ni crises de nerfs. Avec ce régime, elles jouissaient d'une santé de fer et, ironise un témoin de l'époque, "je serais curieux d'entendre messieurs les médecins des dames de Paris raisonner là-dessus".

Parmi ces femmes, certaines, par leur caractère, leurs actions héroïques, ou tout simplement leur vie exemplaire, sont restées dans les mémoires. Rendons leur ici un hommage bien mérité.
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Message  Pied Rouge Lun 2 Nov - 15:29

La plus connue est sans doute la fameuse Marie Tête-de-Bois (c'est bien sûr un sobriquet) qui fera pas moins de 17 campagnes. Mariée en 1805 à un grenadier, elle en a eut un garçon. Tambour à l'âge de dix ans, ce gamin précoce recevra, cinq ans plus tard, un fusil d'honneur et à vingt ans un brevet de sous-lieutenant. Il mourra en 1814 sous les murs de Paris et sa mère, entre-temps devenue veuve, son mari ayant été tué à la bataille de Montmirail, sera blessée en allant chercher le cadavre de son fils. Guérie, on la retrouve en 1815, toujours cantinière, mais dans la Garde. Pour elle, comme pour l'Empire, la fin est proche : un biscayen troue le tonnelet qu'elle porte et lui perce le corps. Elle tombe, puis rampe vers le cadavre d'un soldat, pour s'en faire l'oreiller de son dernier somme. A ce moment, une balle perdue la frappe au visage et la défigure. Un grenadier, lui aussi mortellement blessé quelques pas de là, trouve dans un sursaut d'humour la force de lui dire: "Marie, vous n'êtes pas belle comme ça". Et dans un sourire de sang, elle répond : "C'est possible, mais je peux me vanter d'être fille, femme, mère et veuve de troupier." Puis elle expira.

Regula Engel-Egli, cantinière suisse, suit la Grande Armée pendant plusieurs campagnes. Elle mourût en 1853, à l'âge respectable de 92 ans ! Son mari, moins chanceux, était tombé sur le champ de bataille de Waterloo.

Catherine Balland, du 95e de ligne est représentée dans une peinture de la bataille de Chiclana de Lejeune, le 5 mai 1811, distribuant de l'alcool aux soldats. Elle reçu la légion d'honneur en 1813.

Madame Cazajus, cantinière au 57e de ligne, donna de l'alcool aux soldats durant les combats sous le feu ennemi pendant l'assaut à Lomitten, près de Friedland, le 5 Juin 1807. Elle reçoit de Napoléon une chaîne en or. Elle fût également citée à l'ordre du jour pour son action la bataille de Guttstadt :

Parmi les traits de bravoure et d'héroïsme, il en est un qui offre peu d'exemples puisqu'il appartient à un sexe que la nature a rendu timide dans les dangers ; c'est celui de la nommée Cazajus qui, malgré une grêle de balles, pénétra deux fois de suite jusqu'au ravin où nos troupes se battaient pour leur distribuer gratis deux barils d'eau-de-vie ; lorsqu'un soldat vint s'offrir pour y aller sa place, elle le refusa en disant que l'existence d'une femme était bien moins utile à la patrie que celle d'un brave militaire.

Ce faisant, elle perpétuait la tradition des cantinières du 26e léger et du 4e de ligne qui avaient montré l'exemple à Austerlitz.

Mais il y en eu beaucoup d'autres, comme Marie Dauranne, blanchisseuse la 51e demi-brigade de bataille et qui, au passage de la Piave, en 1797, sauve un soldat de la noyade, ce qui lui vaut un collier en or orné d'une couronne civique.

Voici Marie (son nom ne nous est pas parvenu), de Namur, épouse d'un maître d'armes fusillé en Espagne pour pillage puis remariée à un sergent de la Jeune Garde. Elle fait la campagne de Russie, y perdant tout ce qu'elle a, est plus tard blessée à la bataille de Lützen, en transportant des cartouches dans une main et de l'eau-de-vie avec l'autre. Elle terminera sa carrière à Waterloo, où les anglais la font prisonnière.

Catherine Rohmer, de Colmar, née en 1783, épouse du tambour-major du 62e, vivandière en Espagne, puis en Russie (elle est au passage de la Bérézina) et en France. Elle suit l'empereur (et son mari !) à l'île d'Elbe, puis sert de nouveau à Waterloo. Elle mit au monde huit enfants, dont quatre moururent au champ d'honneur.

Marie Pierrette, née en 1757 à Avignon, blanchisseuse au 58e de ligne.

Eugénie, surnommée la Mère Eugénie, du 10e de dragons, que l'on voit en Russie, en Allemagne, Waterloo.

La Mère la joie, du 36e de ligne, elle, transforme, les jours de bataille, son humble fourgon en ambulance.

Épouse valeureuse, Catherine Béguin, du 14e léger, conduit son mari blessé, sur son dos, jusqu'à l'ambulance.

Et puis voici Thérèse, terriblement laide ("à faire peur"), mais, affirme l'une de ses pratiques, peu de femmes ont eu la jambe aussi bien faite. Thérèse a été séduite l'age de quinze ans, à l'époque des guerres de la République, par un tambour. Soucieuse d'élévation sociale, elle le quitte pour les galons d'un capitaine. Abandonnée à Mons, elle reste, comme l'on dit alors, plusieurs années dans le domaine public. Sa relative inaction lui pesant, elle choisit de faire un bout de chemin en compagnie d'un soldat, un canonnier, de l'armée de Moreau. Qui la vend pour une bouteille d'eau-de-vie à un maître d'armes renommé et spadassin fameux - qui, logiquement, est tué en duel. Thérèse séduit alors un brigadier. Mais le bonhomme boit tout le bénéfice de la cantine et, ivre, bat la pauvre femme. Qui le quitte pour un modeste soldat du modeste train d'artillerie. Arrive, un jour, un nommé Fromageot. Il jette son dévolu sur Thérèse : "Il veut que je le suive, c'est tout simple". Mais le soldat du train s'interpose. Les deux hommes sortent. En garde ! Une deux ! Le voilà mort et, conclut Thérèse simplement, "Ma foi, je suivis Fromageot".
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Message  Pied Rouge Lun 2 Nov - 15:30

Pour d'autres, l'accès à la condition modeste de cantinière se fait au prix d'un cheminement sordide et pitoyable. Un Genevois, nommé ou surnommé Petit- Louis, musicien dans la Grande Armée, conte la triste aventure d'une jeune Allemande. Nous sommes en 1806, au siège de Magdebourg. L'assiégeant crève de faim, et lorsque les corvées reviennent de leur maraude quotidienne, chacun guette le butin rapporté. Un jour, l'un des maraudeurs, qui s'appelle Maubert, rentre au camp le sac vide. Pas le moindre poulet, la plus petite pomme de terre. Rien. Rien, sauf une jolie jeune fille de dix-huit ans que Maubert a préservée de la brutalité des soldats en se faisant passer pour officier. La surprise passée, la zizanie s'installe chez les français. Un soldat, Hantz, s'emporte contre son camarade "il fallait nous rapporter des vivres et non pas nous amener cette fille, qui est jolie il est vrai, mais qui nous mangera une partie du peu que nous avons eu tant de mal nous procurer". Les deux hommes en viennent aux mains, et comme ils s'insultent en allemand, la jeune fille ne perd pas une bribe de la dispute. Elle s'avance vers le nommé Hantz en pleurant : " Monsieur, ne me renvoyez pas au milieu de tous ces soldats; je me rendrai utile autant que je le pourrai; je laverai vos chemises"

Et la malheureuse continue d'égrener ses supplications. En vain. Soudain, Hantz a une inspiration. Abjecte et, disons le, typiquement masculine: "D'accord, mais la condition qu'elle appartiendra pour ce soir seulement toute l'escouade." Et il précise. "Au nombre de douze".

Chacun pique du nez dans sa gamelle, remplie d'une mauvaise soupe `faite de farine d'orge. Pourtant, la jeune fille, à jeun depuis deux jours et sur le point de défaillir, consent à l'ignoble marché: "La gymnastique [sic], raconte Petit-Louis, commença par la droite, par Hantz et Maubert". Quand arrive son tour, le jeune musicien ne consomme pas car, avoue-t-il, il ne connaît nullement ce genre d'exercice, et confesse qu'il aurait préféré une tasse de lait chaud.

Faute d'autre choix, l'allemande devient la propriété de son "inventeur", et comme, par ailleurs, elle a tout ce qu'il faut pour exercer la fonction, elle devient une excellente cantinière. A partir de ce moment, termine Petit-Louis, malgré ce contact d'épiderme presque équivoque, les musiciens la respectèrent, et n'en parlèrent qu'avec cette considération qui faisait la part de la circonstance exceptionnelle dans laquelle elle s'était trouvée et qui l'avait forcée à consentir au triste marché.

Près de ces rudes cantinières, on rencontre aussi, dans la Grande Armée des femmes "honnêtes" (le mot étant à prendre dans son acception petite-bourgeoise) qui ne suivent les troupes que pour ne pas être séparées d'un mari - ou d'un amant affectionné.

Il y a celles qui cheminent aux cotés d'un grand chef et qui, de ce fait, partagent le confort, souvent relatif, dont bénéficient ces grands dignitaires.

Ici, il faut bien sûr évoquer celle que les troupiers ont immortalisée sous le sobriquet égrillard de "la poule à Masséna", épouse d'un officier de dragons, que le maréchal emmène partout avec lui. En 1811, au Portugal, les soldats, navrés, constatent que leur maréchal "folichonne avec sa maîtresse", ne s'apercevant du chemin parcouru et du besoin que la troupe a de faire halte que lorsque "son héroïne était pour quelque cause naturelle oblige de s'arrêter". Et l'on rapporte que Masséna, pendant ce temps, jouait le rôle du mari jaloux, veillant lui-même à ce qu'aucun indiscret n'approchât de sa belle. Un spectacle qui désole un vieux capitaine qui ne voit plus dans le maréchal qu'un "vieux renard, tout juste bon prendre les poules".

Mais il y a les autres, petites épouses des obscurs, qui ne peuvent, elles, compter que sur la débrouillardise de leur homme pour ne pas sombrer dans une misère dégradante. En effet, nombreux sont les "commissionnés" (bottiers, tailleurs, musiciens) qui, n'étant pas à proprement parler des militaires, mais relèvent simplement de l'administration de la guerre, et, donc, échappent aux règlements concernant les femmes. Et beaucoup sont en ménage.

Ces femmes, en temps de campagne, restent dans les dépôts avancés, mais, sitôt la paix faite, s'empressent de rejoindre leurs maris qui, en général, leur a déjà préparé leur logement. Cela ne va pas toujours sans de multiples aventures, parfois tragiques, surtout lorsqu'il s'agira de l'Espagne.

Voici donc Lucile, femme de Philippe-René Giraultl, musicien d'état-major. Girault s'était marié à l'occasion d'une permission avec une fille de La Rochelle. En 1806, les deux époux se lancent sur les routes, alors qu'ils ont déjà charge d'âme, celle d'une petite fille. Pour suivre confortablement l'armée, ils ont fait l'acquisition d'un cabriolet et d'un cheval.

La petite famille traverse la France sans encombre en direction de l'Italie - Turin, puis Alexandrie, où le couple loue un petit appartement: la vie d'un musicien d'état-major offre de ces agréments qui feraient pâlir d'envie un troupier, voire un officier subalterne. Hélas, cet environnement douillet n'est cependant pas suffisant pour préserver la santé de l'enfant, qui meurt de la petite vérole.

Les Girault repartent. Ils font un séjour agréable à Vérone, puis gagnent Augsbourg, en Bavire, via le Tyrol qu'ils traversent sous la neige et sans s'arrêter un seul jour. A Halle, le cheval, prenant peur, renverse la carriole dans laquelle Mme Girault voyage présentement seule, bien qu'elle soit enceinte. Plus tard prés de Donauwörth, nouvelle chute, dans le Danube cette fois.. Un voltigeur sauve la naufragée qui s'est réfugiée sur le toit de la voiture. Averti de l'accident, Girault, très inquiet, accourt sur les lieux et trouve son épouse dorlotée par les militaires. Un peu éméchée aussi car, pour la échauffer, les soldats lui ont administré une boisson un peu forte.

Le lendemain, ce courageux petit bout de femme repart pour Stettin où elle arrive le 13 juin 1807 .... juste à temps pour mettre au monde un beau bébé. Et dans cette ville où s'entassent douze mille soldats, les Girault, bien servis par le sort, ont la chance de pouvoir être logés seuls. Mais voilà: le lendemain, ordre est donné au régiment de faire route. Girault supplie son colonel pour qu'il lui permette de rester au chevet de sa femme. L'officier, qui n'est point mauvais homme, mais qui est sans-doute ce jour-là de méchante humeur, refuse.

Girault réussit pourtant à attendrir l'épouse d'un personnage important dans les armes de l'Empire, le maître cordonnier. Cette femme accepte de veiller sur la mère et sur l'enfant. Rasséréné, Girault suit les troupes. Après la paix de Tilsitt, le devoir l'appelle en Poméranie suédoise où viennent de débuter les opérations du siège de Stralsund. Dès que la cité se rend, le musicien fait venir sa femme et l'installe avec lui chez une demoiselle célibataire. Ils restent là un mois avant de repartir pour Brême - où l'enfant est enfin baptisé - et le Danemark.

Cette vie errante finit cependant par lasser le couple, et Girault, inquiet pour la santé de sa femme et celle de son petit garçon, s'ouvre de ses préoccupations au secrétaire de son colonel: "Pourquoi, lui dit ce dernier, n'emmenez-vous pas votre femme au camp et ne lui feriez-vous pas tenir cantine ? Vous ne seriez pas séparés et vous gagneriez de l'argent. " Et, avec générosité, il propose à Girault de mettre de l'argent à sa disposition pour les premiers achats.

Toute autre que Madame Girault, devant une proposition aussi farfelue, se fût récriée d'indignation. Mme Girault, elle, accepte, moins par emballement pour la fonction que pour avoir la certitude de n'être plus séparée de son musicien de mari. Avec l'argent prêté par le secrétaire, elle effectue les premiers achats destinés sa pratique, de quoi manger, beurre, fromage, et, surtout boire : vin, eau-de-vie, rhum, et bière. Et les affaires prospèrent ! Pour un peu, les Girault créeraient un comptoir. Mais ils doivent repartir. Destination : le Hanovre et la Westphalie où le roi Jérôme, peu soucieux de s'encombrer des vaillants mais turbulents troupiers de son frère, refuse de les recevoir dans sa ville de Cassel. Mme Girault est enceinte une nouvelle fois. Sagement, son mari décide de l'envoyer à Poitiers où, précise-t-il, elle fut bien reçue dans sa famille. Le 9 février 1807, elle met au monde un autre petit Girault qu'elle prénomme Philippe-Georges-Benjamin.

Le musicien lui-même commence se lasser de cette errance sans fin, sinon sans but. La deuxième campagne d'Autriche, au cours de laquelle il aide à panser les blessés d'Essling et ceux de Wagram, marque la fin de sa carrière, ne disons pas de soldat, mais de musicien des armées, et en 1810, il décroche définitivement: il obtient un poste de maître de psalette la cathédrale de Poitiers. Dès lors, pour lui, la vie s'écoulera paisiblement jusqu' son terme, le 3 mars 1851.
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Message  Pied Rouge Lun 2 Nov - 15:31

Autre témoignage, celui là d'un brigadier des boulangers (!) de la 3e division du Ie corps d'armée, parti pour la Russie avec son épouse, et qui rend compte à sa sœur, qui garde les enfants à Sarrebourg :

Nous avons marché depuis cent cinquante jours sans nous arrêter pour arriver à Moscou. Je vous envoie 1200 francs que ma femme a gagnés, et je vous en enverrai d'autres. Vous direz à nos filles qu'elles soient bien sages et prient bien Dieu pour papa et maman. Si vous voyiez comme j'ai deux beaux chevaux, cela vous ferai plaisir; tu diras à maman que ma femme a un beau manchon pour elle."
Nul ne sait s'il revinrent de là-bas....

Les femmes combattantes :

La Grande Armée compta aussi dans ses rangs des femmes qui ne se contentaient ni de suivre un mari ou un amant en campagne, ni de sustenter les corps, mais qui faisaient le coup de sabre ou le coup de feu, ce qui d'ailleurs n'étonnait personne puisqu'elles é taient des soldats comme les autres.

On ne sait pas exactement combien de femmes ont combattu comme soldat. Ne pouvant bien entendu se présenter en tant que femme, elles entraient au service habillées en homme et sous un nom masculin. De cette façon, elles restaient anonymes. Ce n'était que dans des circonstances exceptionnelles qu'on découvrait le vrai sexe, par exemple quand ces femmes étaient blesses.

Dans certains cas, cependant, la femme pouvait s'engager sous son propre nom, comme le fit Thérèse Figueur, (voir ci-dessous) et Madame Poncet, qui s'engagea avec son mari dans le 6e hussards.

On connaît bien certaines de ces femmes qui suivirent l'homme quelles aimaient quand celui-ci fut recruté.

Marie-Angélique-Joséphine Duchemin, née en 1772, à Dinan, avait épousé un militaire du 42e de ligne. Elle est promue caporal-fourier, participe à sept campagnes, est blessée à trois reprises. Elle est admise aux Invalides, mais doit attendre 1851 pour recevoir la légion d'honneur. Elle meurt en 1859, à 87 ans.

Ducoud-Laborde, épouse Poncet, née à Angoulême en 1773, sert au 6e hussards, se distingue à Eylau, est blessée à Friedland. A Waterloo, elle est encore là, est de nouveau blessée, est amputée d'une jambe, faite prisonnière par les anglais, qui l'emmène à Dublin. Elle reviendra en France en 1830.

Virginie Ghesquire entre au 27e de ligne en 1806, à la place de son frère ! Promue sergent, elle sert jusqu'en 1812, année où sa véritable identité est découverte… Elle est alors renvoyée dans ses foyers.

La jeunesse de Maria Schellinck, de Gand, ne fut pas facile: son père était mort jeune et sa mère ne s'occupait pas d'elle. Son oncle la recueille et elle travaille dans une auberge mais perd ce travail à cause de son français imparfait. Sa mère l'envoie dans les rues comme prostituée. Marie est arrêtée et emprisonnée à l'abbaye Saint-Pierre à Gand. Après sa libération, elle épouse Francois Desaegher et quand celui-ci rejoint l'armée en 1790, Marie le suit, déguisée en homme. Elle entre au 2e bataillon belge, devient même caporal, puis sergent. Après la bataille de Jemappes en 1792, où elle fait montre d'un courage exceptionnel et est blessée d'une balle à la jambe, elle est promue sous-lieutenant. Après son rétablissement, elle retourne au front et se distingue à la bataille d'Arcole, en 1796. La même année, elle est transférée au 8e régiment d'infanterie légère, où elle rencontre Louis Decarnin, quelle épouse. En 1807 elle quitte l'armée et deux années plus tard Louis est mis en congé, à cause de ses blessures. En 1808, elle a 52 ans, elle reçoit de Napoléon la Légion d'Honneur et il lui dit: Madame, je vous fais 700 francs de pension et chevalier de la Légion d'Honneur. Recevez de ma main l'étoile des braves que vous avez si noblement conquise et se tournant vers ses officiers: Messieurs, inclinez-vous respectueusement devant cette femme courageuse. C'est une des gloires de l'Empire. Marie Schellinck est morte l'âge de 83 ans, à Menin.

Enfin, voici Thérèse Figueur, dite Mlle Sans-Gêne (la "vraie" !). D'elle, dans une lettre au colonel Coulommier, le général comte Cafarelli disait : Je n'ai jamais connu de soldat plus brave ! Née à Talmay, près de Dijon, le 17 janvier 1774, orpheline l'âge de neuf ans, Thérèse se trouve en Avignon avec son oncle, Joseph Viart, sous-lieutenant dans le régiment de Dienne-Infanterie, qui l'a recueillie lorsque la province, irritée par la proscription des Girondins par la Convention le 2 juin 1793, se rebelle contre Paris et arme des troupes. La Convention leur donne le nom de Fédéralistes. Parmi eux, Thérèse Figueur qui confesse avoir eu, à cette époque, des sympathies royalistes. Soldats d'occasion, les Fédéralistes ne tiennent pas devant les Républicains du général Carteaux, et la troupe avec laquelle combat Thérèse Figueur en tenue de canonnier - habit bleu de roi, pantalon de coutil rayé bleu et blanc - est défaite près de Marseille. Emmenée prisonnière à Lambesc malgré de très véhémentes protestations, dans lesquelles son sobriquet puiserait son origine (ou peut-être après on son enrôlement), la jeune fille soldat se voit confrontée à une alternative simple : l'enrôlement sous la bannière de la République ou le "rasoir national" (entendez: la guillotine). Sagement, elle choisit le premier terme, et s'enrôle dans la Légion des Allobroges. A l'automne 1793, elle se retrouve au siège de Toulon (elle est blessée à la poitrine) auquel l'un des subordonnés du général en chef, Dugommier, prend une part active avec ses canons pour chasser les Anglais qui occupent la ville. Ce subordonné deviendra célèbre sous le nom de Napoléon.

Mlle Sans-Gêne guerroie ensuite à l'armée des Pyrénées-Orientales en lutte contre les Espagnols. Là, lorsque le Comité de Salut Public décrète que les femmes ne pourront plus servir dans l’armée française, les officiers de l’armée des Pyrénées orientales signent une pétition pour demander une exception pour Thérèse : celle-ci peut rester.

Elle fait ensuite la deuxième campagne d'Italie. Sa conduite lui attire une certaine sympathie de la part de Bonaparte qui l'invite à venir tenir le rôle de dame de compagnie auprès de Joséphine. En dépit des avantages attachés à la fonction, Thérèse se lasse vite de cette existence douillette et morne.

L'Empire fraîchement institué lui permet de reprendre définitivement le collier militaire. Attachée au régiment de dragons, la demoiselle Sans-Gêne assiste "couverte de boue des pieds la tête et la figure toute noire de poudre", à la capitulation d'Ulm, qui, le 20 octobre 1805, oblige dix-huit généraux autrichiens et vingt-cinq mille soldats à défiler devant leurs vainqueurs.

La bataille d'Austerlitz ne laisse, le croira-t-on, aucune impression particulière à Thérèse ! Mais celle d'Iéna, 9 mois plus tard, lui donne la satisfaction du devoir (bien) accompli, car elle a fait sa "petite partie dans le grand concert que nous donnâmes dans les plaines d'Iéna à messieurs les Prussiens".

Peu après, grièvement blessée sur la route de Berlin lors d'une chute de cheval, le dragon Figueur revient à Paris par petites étapes. Elle est soignée à l'hôpital de la Charité, puis, encore très affaiblie par ses blessures, elle reste dix-huit mois hors du service, pratiquement confinée dans la chambre qu'elle loue rue de Bourgogne.

En 1809 elle est en Espagne où le régiment de la Jeune Garde auquel elle a été attachée doit aller combattre dans la région de Séville, mais ne dépassera pas Burgos, une guérilla particulièrement active et efficace interdisant tout long déplacement à quiconque souhaitait arriver entier à destination. Thérèse fait donc le coup de sabre autour de Burgos, tout en réussissant un véritable exploit : être adoptée par la population du lieu. Le soldat s'effaçant devant la femme, Thérèse distribue du pain aux mendiants, nombreux dans la ville, aide à soigner les malades et les blessés dans les hôpitaux, et elle recueille même les chiens errants dont l'alcade a ordonné l'extermination. Ces braves chiens justifieront la protection dont ils ont bénéficié en escortant les convois qu'ils avertissaient, par leurs aboiements, de l'embuscade toute proche: "Vous voyez, dira plus tard cette bonne Samaritaine, qu'il y a du bon dans toute forme de compassion."

La chance vacille un jour de la fin du mois de juillet 1812 : alors qu'elle se promène sans escorte aux alentours de Burgos, Thérèse est faite prisonnière par le célèbre chef guérillero - un curé ! - Geronimo Merino. L'humanité et le dévouement qu'elle a manifestés envers les Espagnols lui valent cependant un régime de faveur : elle n'est ni violée, ni torturée, ni découpée en quartiers. Merino la remet à un régiment écossais dans lequel, quoique prisonnière, elle est heureuse de retrouver la fraternité des armes, mais pas pour longtemps, car elle est confiée aux Portugais. Insultes, crachats, nourriture et cachots infects, rien ne distingue la geôle de Lisbonne de son équivalent espagnol.

Puis, c'est la délivrance, sinon la liberté. En compagnie d'autres prisonniers, elle est embarquée à destination de l'Angleterre. Après trente-neuf jours de mer, elle arrive à Lymington, près de Southampton. Assignée à résidence dans le village de Bolderwood, elle est logée chez un tailleur fort courtois qui lui loue un "petit parloir très propre avec un lit dans une armoire". Comme prisonnier de guerre, il lui est alloué un petit pécule de cinq shillings par jour. Avec la viande à un shilling la livre et le loyer à six shillings par semaine, il n'y a pas de quoi faire des folies. Heureusement, un jardinet, dont le tailleur lui laisse l'usage, permet la prisonnière d'améliorer son ordinaire. La gastronomie anglaise, à base de "monstrueux gigots", laisse le dragon Figueur de marbre. En revanche, en vrai soldat, Thérèse ne se refuse pas une lampée de bière, "un bon pot par jour"(huit pence), car elle la trouve vraiment "supérieure".

Libre au moment de la première abdication de l'Empereur, elle ne peut, malgré ses efforts, être présente à Waterloo. Pour Thérèse Figueur, le 18 juin 1815 sonne le glas de la vie militaire. Pendant la Restauration de 1815, elle tient un petit restaurant à Paris avec une dame Garnerin.

Le 2 juillet 1818, elle se marie avec un ami d'enfance, Clément Sutter, ancien dragon lui-même et rescapé de la campagne de Russie. Il la laisse veuve onze ans plus tard. Et ce n'est pas une aventurière, mais une pauvre petite vieille sans le sou qui achève sa vie à l'hospice des Petits-Ménages, où elle meurt le 4 janvier 1861, à l'age de quatre-vingt cinq ans, seule et jamais consolée de ne pas avoir reçu la Croix des mains de l'Empereur.
Pied Rouge
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Message  Pied Rouge Lun 2 Nov - 15:32

Je m'en voudrais de ne pas citer, ici, quelques noms de "l'autre camp", tant il est vrai que la bravoure n'a pas de patrie !

D'abord Eleonora Protchaska, qui, déguisée en homme, servi dans le Freicorps Lützow et qui fut mortellement blessée à la bataille de Göhrde.

Puis Anna Lühring, qui, un soir de février, revêt les habits de son frère et prend la route. Bientôt, ce même Freicorps Lützow va accueillir, au sein de la 5e compagnie du 3e bataillon de chasseurs à pied, un jeune homme, qui dit se nommer Eduard Kruse. On l'a deviné : Kruse n'est autre qu'Anna Lühring. Très vite , elle doit aller au feu. Dans son premier combat, un homme à côté d’elle meurt, touché d'une balle. Courageusement, Anna continue à se battre.

Mais son père la recherche et écrit au lieutenant du Freicorps, car soupçonne que sa fille pourrait bien avoir pris les armes. Sa lettre parvient au capitaine von Helmenstreit. Il appelle Anna et lui explique la situation. Elle admet qu’elle était la personne recherchée. Le capitaine jugeant qu’elle devait rester dans l’armée, appelle ses officiers, qui conviennent de garder le secret. Pendant les logements, ils feront-en sorte qu’Anna couche seule ou avec une personne digne de foi. Elle ne participera pas à de grandes batailles, mais à plusieurs escarmouches. En 1814, à Berlin, le corps des volontaires de 1814 est dissous. Anna décide de rester dans une famille à Berlin et est même accueillie par la princesse-Marianne, femme du Prince Wilhelm. Elle rencontre aussi Blücher et pendant six mois elle se trouve au centre de l’attention publique à Berlin.

Ces amis haut placés réussissent enfin à-convaincre son père de la laisser rentrer. En février 1815 elle retourne à Bremen. Elle y vit alors une vie tranquille, auprès de son père, épouse un garçon de Hambourg, qui meurt en 1832. Son père meurt quelques années plus après. En 1838 elle habite Hom, près de Hambourg. Elle mène une vie misérable et essaye de vivre de ses ouvrages de couture. Elle meurt en 1866…

Sarah Taylor, née a Manchester, se déguisait en garçon depuis son enfance. A l’age de 14 ans, quand elle prend service au 15e Light Dragoons : personne de s'aperçoit alors de son vrai sexe. Après quelques mois d’exercice, elle devient un des meilleurs cavaliers de son groupe. Promue caporal, puis sergent, sa vraie identité va rester cachée 21 ans !

En 1800 elle entre au 37th Regiment of Foot et est stationnée sur l’île Saint-Vincent. Elle y tombe malade (fièvre jaune) et craint alors de voir révélé son secret. Convaincue qu’elle va mourir, elle confie à une femme de sergent qui elle est sous l’uniforme. Mais elle s'en sort et comme tout le monde sait maintenant qu’elle est une femme, elle ne peut plus s’habiller avec des vêtements d’hommes. Puis, ne voulant pas renoncer à la vie militaire, elle se marie avec un soldat, qu’elle suit pendant les campagnes. Ils auront trois enfants, passant même deux ans en prison ensemble. La paix revenue, ils sont libérés. De retour en Angleterre, son mari meurt. Elle demande une pension, qu’elle reçoit. Pendant son service elle avait été était blessée plusieurs fois.

Terminons avec l'histoire des deux filles du-capitaine des Guides au service du général Dumouriez, Théophile et Félicité Fernig.

Nées à Mortagne, elles montrent le même caractère que leur père et aiment chercher le danger. Elles s’habillent souvent avec les vêtements de leurs frères et-accompagnent leur père. Au cours des combats entre Français et Autrichiens, durant les guerres révolutionnaires, elles se rendent au camp de Dumouriez où elles sont recrutées en tant qu'officiers d’ordonnance. Félicité était ordonnance du duc de Chartres et Théophile prenait soin des messages pour le vieux général Ferrand.

Elles sont aux premières à Valmy (1792), où elles sont un exemple de courage. Deux mois plus tard, à Jemappes, elles se retrouvent parmi les hussards autrichiens, mais parviennent, courageusement, à regagner leur propre infanterie. Pendant une escarmouche près de Bruxelles, Félicité sauve la vie d’un officier belge, blessé pendant un combat contre les Uhlans, et le mène dans un hôpital à Bruxelles.

Les sœurs ne restèrent pas dans l’armée. Elles vécurent dans plusieurs pays après leur service militaire. Mais l'officier belge ne pouvait oublier la femme qui lui avait sauvé la vie. Ils se retrouvèrent au Danemark, se marièrent et retournèrent en Belgique. Théophile vécu chez eux, étudiant la musique et la poésie (mais elle mourut jeune, en 1818). Félicité et son mari menèrent une vie tranquille.
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Message  Pied Rouge Lun 2 Nov - 15:36

Les prostituées :

Hé oui ! Il y avait des prostituées, qui suivaient l'armée, de façon plus ou moins proche, de façon plus ou moins "officielle". Au camp de Boulogne, par exemple, elles ont leur propre baraque, près du camp des sapeurs, non loin de la ferme d'Houvault, qu'un soldat, dont on ne sait s'il fut lui-même client, a baptisé le quartier général du beau sexe militaire de Boulogne et de sa banlieue. Elles sont l'état-major des troupes légères du sentiment !

Un peu plus tard, à Berlin, que les français occupent, Davout les nomment "les Nymphes de la Spré".

1809 voit la Grande Armée sur les bords du Danube et à Vienne. Cadet de Cassicourt, consacre dans ses Mémoires quelques lignes aux dames de petite vertu :

La prostitution est à Vienne plus immorale et moins scandaleuse qu'à Paris. On ne compte que cent quinze filles publiques enregistrées et tolérées par la police. Ces filles n'ont point la permission de provoquer les passants; elles se promènent modestement vêtues dans les principales rues, ou sur les boulevards, le Prater, etc.

Un autre occupant précise :
Sur dix femmes qu'on rencontrait à Vienne pendant notre occupation, neuf étaient des femmes de moyenne vertu.

Pour lutter contre ce fléau, le général Friant, en 1811, ordonne de faire arrêter "les coureuses qui s'introduisent dans les camps". Dans ces conditions, pas étonnant que les maladies vénériennes fassent l'objet de toutes les attentions du corps médical. Un ordre du jour du maréchal Davout prescrira, en mai 1811, aux officiers de santé de visiter, chaque semaine, les sous-officiers et soldats, pour s'assurer qu'ils ne sont pas atteints. A croire que les officiers ne sont pas soumis au risque !

Pour finir, une Chanson, dont la date et la provenance sont incertaines, mais on peut supposer quelle fût créée sous l'Empire. Son titre, naturellement :

La cantinière.

La cantinière aux beaux bras est le plaisir des jeunes soldats
Les jeunes soldats sont militaires pour embrasser la cantinière

Refrain:

Gauche, droit, sabre au côté ! La cantinière se laisse baiser (2 X)
Et en avant et en avant la cantinière ! La cantinière du régiment (2 X)
La cantinière aux belles dents est le plaisir des jeunes sergents ......
La cantinière aux jolis pieds est le plaisir des officiers ......
Pied Rouge
Pied Rouge


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Message  la giberne Lun 2 Nov - 18:03

la cantiniére ,se chante ,sur l'air de cadet roussel ..., il serait excellent ,comme chant de marche pour le 75 ....NON??? Embarassed Embarassed
la giberne
la giberne


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Message  le scribe Lun 2 Nov - 19:41

Très instructif mon cher ami Pied Rouge ! Smile ... et qui montre bien que les femmes ont connu les mêmes peines que les batailleurs ... la gloire en moins ... Sad
le scribe
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Message  Pied Rouge Mar 3 Nov - 0:22

Eh bien oui mon cher ami le Scribe.....La misoginie existait au temps de l'Empereur.
Domage car au vue des écrits que j'ai diffusés (Archives dans mes stocks) ils auraient pu faire perdre la face a certains officiers............Imagine les tout penauds devant l'Empereur qui les affligent en leurs démontrant que les femmes sont 10 fois meilleurs a eux.

Donc l'Empereur les a donc remercier d'une façon ou une autres en les faisant retourner à leurs fourneaux.
Triste loi à cette époque.

Pour la chanson mon cher ami la Giberne il faut voir et je n'ai toujours pas eu le temps d'couter l'autre que tu m'as fais parvenir.....Si tu l'as encore renvois la moi, et si tu a le texte ce serai le top du top.
Pied Rouge
Pied Rouge


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Message  le scribe Mar 3 Nov - 8:46

Oui Pied Rouge, mais l'Empereur était lui-même mysogine, en fait la société entière l'était à cette époque ...et Olympe de Gouges (que j'ai cité sur un autre "topic"), la seule qui aurait pu faire évoluer les choses, était déjà morte ...
le scribe
le scribe


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