1789-1815 Les volontaires de la République
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AUSTERLITZ, vu par un Chasseur de la Garde

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Message  Le Chasseur Volant Sam 21 Déc - 12:56

Austerlitz : récit de la bataille par un chasseur

Depuis le 1er octobre, les trompettes des chasseurs avaient ajouté à la chanson mélancolique du Rhin un joyeux refrain que le vent d'automne emporta en Moravie où les autrichiens et les russes avaient uni leurs armes grâce aux coffres remplis d'or de la perfide Angleterre. Le 10 octobre, notre régiment bâtait les pavés moussus de la vieille cité d'Augsburg. Le 11 il était à Burgau, le 16 nous bousculions furieusement, à Langereau une division du prince Ferdinand d'Autriche, le 20 nous étions sous les murailles d'Ulm et, le 21, le lieutenant Desmichels, à la tête de 30 des notre, prenait, à Nuremberg, 500 fantassins, 2 drapeaux, 20 canons, et donnait la chasse à 400 dragons de la Tour, capturaient le colonel, 3 officiers, 100 dragons et en tuait 100 autres. Pendant 2 lieues, la poursuite continua et c'est de justesse que le prince Ferdinand parvint à échapper à la capture. Jamais succès pareil n'avait été obtenu dans des conditions de rapidité aussi extraordinaires et à si peu de frais. Quand le 29 octobre, nous rejoignîmes le carré impérial à Muhldorf, l'empereur tint à donner une preuve spéciale de sa satisfaction au lieutenant Desmichels; en plus d'être nommé capitaine, il devint officier de la légion d'honneur.
Les 30 chasseurs du peloton reçurent tous des aigles d'argent. Nous reprîmes les service auprès de sa majesté. Après la prise de Vienne et le combat d'Hollabrünn, nous avançâmes en Moravie. Le 20 novembre, Murat, marchant à l'avant garde avec les dragons de Walther et les cuirassiers d'Hautpoul, se heurte à Olmütz à 6000 cavaliers russes lui barrant la route de Brünn. Malgré une attaque vigoureuse, il ne parvient pas à bousculer ce nouvel adversaire. Le bruit du canon parvint jusqu'à l'empereur, il n'a pas sous la main d'autre cavalerie que sa garde.
Ne conservant avec lui que la compagnie de Mamelucks, il nous envoie commandé par le maréchal Bessières, en renfort avec les grenadiers à cheval, donner la main à Murat. Au contact de l'ennemi, le maréchal nous forma en 2 lignes, prenant la tête de la première, nous nous élançons à la charge. Celle ci est menée avec une telle impétuosité, que les 6000 cavaliers russes sont littéralement culbutés et fuient en désordre, laissant derrière eux, bagages et pièces d'artillerie. La deuxième ligne n'eut même pas à intervenir. Ainsi, 5 escadrons de la garde ( 3 de grenadiers et 2 de chasseurs ), ont en quelques minutes obtenus une victoire que n'avaient pu en plusieurs heures remporter 12 régiments de dragons et cuirassiers.
Après cette victoire, nous séjournâmes jusqu'au 29 novembre à Brünn. A 2 heures du matin de ce jour, nous quittâmes cette ville, escortant l'empereur vers Austerlitz. Nous prîmes la route d'Olmütz et prîmes ensuite la direction de Puntowitz où déjà plusieurs corps d'armée se déployaient, la grande armée était magnifique. Une ondulation s'élevait en pente douce devant nous : le plateau de Pratzen. A droite est un mont isolé que Sa Majesté nomme le "Santon". Une rivière traverse : le "Goldbach" ; plus loin, on peut voir les villages de Schlapanitz, Kobelnitz, Sokolnitz et Telnitz et encore plus loin des étangs gelés que les gens de là appellent Satschan. Beaucoup plus loin, derrière les lignes Austro-russes on aperçoit dans la brume, Austerlitz.
Ce soir-là, je suis de piquet et tout l'état-major se trouve auprès de Sa Majesté. L'Empereur fait appeler son cheval et mon lieutenant nous dit de se mettre en selle pour le suivre. L'Empereur, le général Rapp, quelques autres aides de camp se dirigent vers les premières lignes. Nous nous arrêtons au dernier bivouac où l'Empereur met pied à terre, à ce moment nous voyons arriver un parti ennemi qui semble être des parlementaires. C'est le prince Dolgorouki, envoyé par le Tsar. Celui-ci, voyant l'Empereur vêtu de sa redingote grise et crotté jusqu'à la taille, le considère d'un air surpris et méprisant. Nous entrevîmes de loin la conversation et quand les austro-russes retournèrent vers leur ligne, l'Empereur remonta à cheval et passa devant nous d'un air assez satisfait.
Nous retournâmes vers le santon. Sur le chemin du retour, alors que nous galopions le long des étangs, une patrouille de cosaque surgit, hurlant sabre au clair, et nous charge. Les aides de camp entraînent l'Empereur et nous chargeons les cosaques. Malgré leur agressivité, nous arrivons assez rapidement à les repousser. Nous ne déplorons que quelques victimes dans nos rangs. De nombreux cosaques, eux, ne verront pas la bataille. Nous en retournant pour rattraper l'Empereur, nous entendons des cris : " Vive l'Empereur " et des feux s'allumer. Les cris deviennent de plus en plus nombreux et toute la ligne semble s'illuminer. Des lignards nous interpellent : " C'est l'anniversaire du couronnement ! ", autour de nous le spectacle est féerique. Pendant ce temps, on peut entendre les tambours de l'ennemi qui manoeuvrent. Nous reprenons notre piquet, l'Empereur, lui, prend quelques repos dans une cahute faite à la hâte pour l'abriter.
2 décembre 1805, le jour se lève mais la lumière est pauvre car un épais brouillard masque le soleil. L'Empereur monte aussitôt à cheval et parcours le fond des troupes encore immobile. A 8 heures, le soleil perce enfin et dissipe le brouillard découvrant le champ de bataille. Les colonnes de Soult, de Davout et de Bernadotte commencent à prendre d'assaut le plateau de Pratzen. Vers 11 heures 30, notre chef de corp, le colonel Morland fait sonner le boute-selle. Je vois le maréchal Bessière donner des ordres à Morland et au général Ordener, commandant de nos camarades grenadiers à cheval. Le 4eme de ligne et le 24eme d'infanterie légère ont été culbutés par la garde russe. Nous allons entrer dans la danse. Notre colonel se place devant nous, je fais partie du premier escadron, le deuxième est à nos côtés ainsi que les mammelucks. Derrière nous, les grenadiers, qui sont sur notre gauche en échelon. Nous nous avançons vers l'ennemi, d'abord au pas, ensuite au trot, et enfin au galop. Nous fonçons " ventre à terre".
Au cours de leur poursuite des fuyards du 4eme et du 24eme, les grenadiers et hussards russes sont parvenus au pied de la hauteur où se trouve l'Empereur et son état major, mais ils n'ont plus la cohésion du début; ils se sont dispersés en une multitude de petits groupes, cherchant à exterminer les fantassins du 4ème. J'aperçois dans ma course folle le général Rap qui nous emmène, suivi du colonel Morland et du commandant Delaître des mammelucks. Aucun de ceux-ci ne sont des novices et les russes sont enfoncés, renversés, bousculés, ramenés en arrière à grands coups de sabre. La pointe au rein, ils remontent la pente du plateau à bride abattue.
Je rattrape un hussard qui essaye de se débarrasser de moi d'un revers de son sabre. Le coup passe au ras des oreilles de passepoil, mon alezan. J'arrive à parer le coup et sur la contre-attaque, je le transperce au niveau des reins. Notre charge continue mais en prenant pied sur le plateau, nous sommes accueillis par le feux d'un bataillon de grenadiers russes formés en carré. Un mammeluck lance furieusement son cheval dans le carré, c'est le lieutenant Renno; il fauche les têtes à coups de Cimeterre mais lui et son cheval sont percés de coups de baïonnettes cependant la brèche est faite et nous nous engouffrons furieusement dedans.
En un instant, le carré n'existe plus. Le maréchal des logis Raunet s'empare du drapeau de l'ennemi. Le lieutenant Adet est blessé. J'aperçois le fourrier Rollin, aidé d'un seul chasseur, faire prisonnier 120 grenadiers russes. Mais l'affaire n'est pas terminée et le général Rapp nous enjoint à poursuivre notre course sur l'artillerie de la garde russe.
C'est la mitraille qui nous accueille, le colonel Morland tombe, blessé à mort. Le capitaine Therwey est tué net mais nous arrivons jusqu'aux batteries et sabrons les servants. Malheureusement nous n'avons pas l'occasion de savourer notre victoire que les chevaliers-gardes du prince Repnin nous chargent.
La mêlée est incroyable et sanglante. Un grand gaillard à cuirasse et à casque à cimier m'a pris pour cible. Il est rapide et déjà, je reçois un formidable coup de sabre que j'essaye d'éviter de mon mieux par une volte. Le coup arrive avec toute sa force dans mon dos protégé par mon manteau roulé autour de moi. J'essaye de répliquer mais mon coup n'atteint que sa cuirasse, ne lui faisant aucun mal. Déjà je reçois un second coup qui arrive sur mon colback. A moitié assommé par le coup, je lance mon bras en avant et je sens un choc : j'ai atteint mon adversaire en pleine figure. Mon sabre planté dans son oeil droit. Il tombe à la renverse. Entraînant mon arme avec lui. Dieu merci que j'ai passé la dragonne. Me redressant, je ne vois que des combats individuels autour de moi, j'aperçois aussi le chef d'escadron Daumesnil entouré de plusieurs cavaliers russes, sur le point d'être pris. Au moment où je me décide à lui donner main forte, je vois le maréchal des logis chef, Krettly, le trompette major, qui se précipite au milieu du groupe. Il réussit à en abattre plusieurs et à sortir le chef d'escadron de ce mauvais pas. Malgré notre courage, la partie part trop inégale. Au moment où nous nous apprêtons à reculer, le maréchal Bessière arrive comme une trombe avec la deuxième vague de chasseurs et de grenadiers. Il y cause une telle terreur que les russes sont balayés en un instant et leur chef, le prince Repnin est fait prisonnier. La victoire est à nous. Plus tard, je reçu mes galons de brigadier et la légion d'honneur des mains même de l'Empereur, mais ce n'était là que le début de l'épopée...

G.A.Marchand, le Chasseur Volant
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Message  Pied Rouge Dim 5 Jan - 15:12

Salut cher ami. Very Happy 

Je viens de lire l'histoire sur la période du 02 Décembre 1805 de ton régiment.
D'où as tu eu ce document, il est très enrichissant.....et super intéressant et je
me suis régalé.

Bonne et heureuse année pour toi et tes proches.

cordialement cheers 
Pied Rouge
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Message  Le Chasseur Volant Dim 5 Jan - 20:35

Bonsoir, Tout d'abord, une merveilleuse année à toi et à ta famille. Laughing 
En fait j'ai écrit cet article pour l'hebdomadaire "Le Bonapartiste" (sur Facebook si tu veux le recevoir)
Les renseignements proviennent de diverses sources. Je suis le rédacteur du "Bonapartiste". Je suis aussi l'animateur de Uniformes sur FB. Cool 
A+
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