Le 75° en Italie (1796-1797)
Le 75° en Italie (1796-1797)
75° DE LIGNE
Par décret du 26 ventôse an IV (16 mars 1796), la 75° demi-brigade de ligne fut formée avec les anciennes 70°, 117° et 152° demi-brigades ; chaque bataillon ne reçut plus qu'une pièce de canon; les trois autres étaient destinées à la demi-brigade et servies par une compagnie de canonniers ; d'ailleurs ces pièces furent bientôt supprimées.
Ces demi-brigades s'étaient signalées les unes dans les Alpes et au siège de Toulon, les autres dans les armées du Nord et du Rhin. La 70°, désignée pour former la nouvelle 75°, venait de se distinguer dans les opérations de l'armée des Alpes sous Kellermann, notamment à l'attaque de la redoute de Mélogno, que les Piémontais de Coui venaient de nous enlever (27 juin 1795).
CAMPAGNES DES ANS IV ET V EN ITALIE
(1796-1797)
ARMÉE D'ITALIE
Général Bonaparte commandant en chef.
Division : Laharpe, Ménard, Masséna, Augereau,
Brigade : Pljon, Cervoni, Robert, Brune.
75° DEMI-BRIGADE DE LIGNE
(Colonel Maugras)
Au 16 mars 1796, date de sa formation, la 75° demi-brigade occupait la ville de Savone, la Madone et ses hauteurs. Le 25 mars, elle était détachée à Voltri, sous les ordres du général de
brigade Pijon, remplacé quelques jours après par le général Cervoni ; elle occupa toutes les positions qui dominent cette ville et étendit ses gardes jusqu'au faubourg de Saint-Pierre d'Arèna, près de Gènes.
L'ennemi n'avait pas encore porté de troupes sur ce point ; peu de jours après, s'effrayant de ce
mouvement, il y envoya un corps d'armée pour défendre le passage de la Bourretto.
Le 18 germinal an IV (7 avril 1796), l'ennemi attaqua avec des forces extrêmement supérieures nos avant-postes, qui durent se replier après plus de six heures de résistance ; mais, par une vigoureuse offensive, ils purent reprendre, dans la soirée, leurs positions du matin.
Le 9, le général en chef autrichien Beaulieu nous attaqua sur toute la ligne avec de l’artillerie ; la demi-brigade subit le feu le plus violent depuis 3 heures de l'après-midi jusqu'à 7 heures du soir.
La position del Prata di Cassine fut forcée ; une partie de la droite de la ligne ayant été rompue, on fut obligé de se replier pour couvrir Voltri. Quatre compagnies qui occupaient la position du Champ-des-Prétres s'étant attardées à une résistance opiniâtre, furent enveloppées ; elles réussirent cependant à s'ouvrir un passage en opérant leur retraite sur la montagne des Capucins.
Voltri se trouvant cerné, la demi-brigade se retira pendant la nuit sur Savone, dans le meilleur
ordre ; elle fut protégée par la 3° compagnie de grenadiers, qui occupait le poste des Capucins Cette compagnie fut attaquée à 10 heures du soir par l'ennemi, qui cherchait à intercepter la route.
La demi-brigade eut dans ces trois jours de combat : 1 officier tué et 7 prisonniers ; 16 hommes tués, 45 blessés et 148 prisonniers. L'ennemi éprouva des pertes beaucoup plus fortes en tués et blessés.
Le capitaine de grenadiers Gruardet se distingua dans le combat du 8 ; il résista à plus de 200 hommes avec 45 grenadiers, dans un retranchement qu'il avait fait élever pendant la nuit. Plusieurs soldats qui se trouvaient séparés se jetèrent dans les montagnes pour suivre la demi-brigade, plutôt que de se laisser faire prisonniers.
Le 21 germinal (10 avril), la demi-brigade étant arrivée à 5 heures du soir à Savone, le général
Bonaparte la passa en revue et lui témoigna sa satisfaction pour sa bravoure et son énergie pendant les combats autour de Voltri.
Montenotte. —
Le 11 avril, à 1 heure du matin, la 75° demi-brigade marcha sur les hauteurs de Montenotte avec les autres troupes de la division
Laharpe dont elle faisait partie.
L'ennemi fut culbuté à Montenotte. La division Laharpe, chargée de la poursuite, se porta dans les gorges de la Bormida et combattit avec un tel succès que l’ennemi fut partout mis en déroute. La 75° demi-brigade coupa la retraite au régiment de l'archiduc Antoine et le fit prisonnier. Le grenadier Boiron, de la 75°, enleva le drapeau du régiment de l’archiduc Antoine. La nuit qui suivit cette bataille la demi-brigade bivouaqua dans les gorges.
Le capitaine de grenadiers Lejeune, à la tête de sa compagnie, ayant rencontré un corps de Croates embusqués, se précipita sur lui et lui fit perdre beaucoup de monde.
Le sergent Huot, de cette compagnie, se battit au sabre contre six de ces Croates et fît quatre prisonniers; il fut ensuite assailli par un plus grand nombre, et, après avoir résisté un instant, il reçut trois blessures graves.
La demi-brigade eut seulement 8 hommes tués, 13 blessés et 6 prisonniers; elle se porta sur Cairo.
Dégo —
Le 24 germinal (13 avril), la demi-brigade, sous les ordres du général Cervoni était à la
prise de Dégo et des redoutes qui couvraient ce village.
Le 2° bataillon fut chargé d attaquer le centre de la position; le 3" bataillon, ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, passa à gué la rivière qui coule au bas du village et attaqua la gauche. Ces deux bataillons marchèrent au pas de charge, malgré le feu du canon et de la mousqueterie, et parvinrent, sans tirer, à s'emparer de la redoute sur laquelle ils avaient été dirigés, ainsi que de deux batteries qui en défendaient rapproche. L'ennemi fut mis en déroute et poursuivi à plus d'une lieue. Il eut beaucoup de morts et laissa entre nos mains de nombreux prisonniers. Le l° bataillon était resté en réserve derrière le centre de la ligne de bataille.
Dans la soirée, la demi-brigade prit ses bivouacs en avant de Cairo et y passa la nuit.
La 75° se battit encore le 14.
Le 15 avril la 75° bivouaque en arrière de Dégo.
Le lendemain 16, elle marche seule avec le général Laharpe pour s'emparer du village de Miolis, que l’ennemi évacua à son approche.
Le 17, elle rétrograda de Miolis sur Dégo, où elle bivouaqua les 18, 19 et 20 avril (28, 20 germinal et 1 floréal). Ce jour même 17, le général Robert prit le commandement de la demi-brigade.
Le 21 avril (2 floréal), elle se porta avec la division Laharpe à Mont-Barcaro.
Le 9 mai, l’ennemi s'étant porté sur Fombio, la demi-brigade fit une vigoureuse résistance à ses attaques, et le chassa le même jour de Codogno, dont il s'était emparé pendant la nuit, en lui faisant subir une perte considérable. Cette journée fut funeste à la division dont faisait partie la 75°. Le général Laharpe fut tué.
Le général Ménard prit le commandement de la division.
Le lieutenant Duisset, des grenadiers, reçut une blessure grave.
Le 11 mai, trois compagnies de grenadiers du régiment prirent part à l'attaque du pont de Lodi.
Attaque de Pizzigliettone, —
Le 13 mai, la 75° demi-brigade se trouvait devant Pizzigliettone; elle subit le feu de l'artillerie de cette place sur la chaussée de l'Adda pendant cinq heures.
Lorsque l'attaque fut décidée, le l° bataillon fut disposé sur la rive droite de l'Adda; le 2° fut placé sur la route à l'entrée de Pizzigliettone et attaqua vigoureusement de ce côté; enfin le 3° bataillon se porta contre la gauche du faubourg et s'en empara,
malgré le feu du rempart.
Le capitaine Sauvie, le lieutenant Nouvellier et le sous-lieutenant Gunther furent dangereusement blessés.
Passage du Mincio. —
Le 30 mai (11 prairial), la demi-brigade et le corps de la division Masséna, après une marche forcée, passèrent le Mincio. Les trois compagnies de grenadiers qui protégeaient le passage se distinguèrent d'une manière particulière.
Le capitaine Lejeune, à la tète de 25 ou 30 braves grenadiers, passa cette rivière ayant de l’eau jusqu'au cou.
Environ 200 grenadiers commandés par le capitaine Ragot se portèrent sur le pont du Mincio, qui était défendu par 500 ou 600 Autrichiens et 1 pièce d'artillerie, passèrent le pont en escaladant les poutres, et marchèrent au pas de charge, sans tirer, sur la redoute qui était placée à gauche du village de Borghetto; ils parvinrent à s'en emparer de vive
force et firent 500 prisonniers. Le capitaine Ragot fut dangereusement blessé et le lieutenant Muller fut tué.
Le fourrier Fugier, le sergent-major Chantemesse, les grenadiers Latreille, Bullier, Fugier, Fays et Sylvestre, qui avaient passé le Mincio à la nage, furent les premiers qui se jetèrent dans la redoute à travers la mitraille et les balles.
Le 31 mai (12 prairial), la demi-brigade et le corps de la division Masséna se portèrent sur Castelnuovo et le l juin sur Vérone.
Blocus de Mantoue — Pendant une partie du mois de juin, la 75° demi-brigade fut occupée au blocus de Mantoue. Le 13 juin elle passa sous les ordres du général Vaubois.
Expédition sur Livourne, —
La 75° fit partie de L’expédition sur Livourne. Quoiqu'elle n'eut pas à
combattre pendant cette expédition, ses fatigues furent considérables, à cause des chaleurs excessives qu'elle eut à supporter et des marches très pénibles qu'elle eut à faire. Elle arriva à Livourne et y tint garnison en août, septembre et octobre.
Passage de la Brenta, —
La 75° demi-brigade quitta Livourne et fut attachée à la division Masséna; le 4 novembre, elle arrivait à Vicence et le 6 elle attaquait l'ennemi qui venait de passer la Brenta: le 2° bataillon combattit à la droite, le 3° à la gauche ; ces deux bataillons conservèrent pendant
toute la journée ces deux positions importantes, dont la défense leur avait été confiée; le 1° bataillon, qui était en réserve et à découvert, resta en bataille et dans un ordre parfait, malgré le feu violent de l'artillerie ennemie.
Le capitaine Vincent, les lieutenants Lavoignet et Bras et le sous-lieutenant Hédon furent tués; le chef de bataillon Camus, les capitaines Bureau, et Mauguin les lieutenants Vatier, Mariage et Ritter furent blessés. Il y eut 25 hommes tués et 79 blessés.
Le grenadier Castagnet, de la 2° compagnie, reçut un coup de feu dangereux et ne quitta le combat qu'après avoir été blessé une seconde fois à l'épaule.
Dans la nuit du 6 au 7 novembre, la demi-brigade rétrograda avec la division sur Montebello. Les 8 et 9 novembre, elle fut au bivouac en avant de Vérone. Le 10 novembre, la division se porta sur Castelnuovo; enfin le 11, elle revint au bivouac à Saint- Antonio.
Bataille de Caldiéro, —
Le 12 novembre 1796, les Autrichiens, sous le commandement d'Alvinzi, s'étendaient du mont Olivetto à Caldiéro. Les divisions Masséna et Augereau se mirent en mouvement pour l’attaquer. La division Masséna, à laquelle appartenait la 75°, avait pour objectif la
droite ennemie, établie sur le mont Olivetto; la division Augereau devait se porter sur la gauche à Caldiéro.
Masséna, après avoir gagné le flanc des Autrichiens, était près de s'emparer d'une hauteur qui
commandait leur ligne, quand Alvinzi, faisant marcher les réserves autrichiennes, lança cinq bataillons, sous les ordres de Schurbitz, sur la gauche de Masséna.
Le temps était affreux, le grésil tombait depuis le matin, poussé par un violent vent du nord-est qui le chassait contre la figure de nos soldats et les aveuglait. Le général Masséna, pris à revers par Schurbitz fut contraint d'abandonner le terrain qu'il avait gagné et dut battre en retraite.
Il était 3 heures de l'après-midi; Bonaparte fit alors avancer la 75° restée en réserve jusqu'à ce
moment. Le 3° bataillon fut chargé d'arrêter l'ennemi victorieux, qui déjà s'était avancé jusque dans la plaine; il le contint jusqu'à la nuit, malgré l'énorme disproportion de forces et une vive canonnade.
Grâce à cette vigoureuse résistance, l'armée française, reconstituée, put se retirer sur Vérone. La 75° demi-brigade entière soutint avec vigueur la retraite par échelons, arrêta les colonnes ennemies qui cherchaient à couper l'armée et les força à rétrograder.
En récompense de la conduite de la 75° demi- brigade, qui, seule, par son héroïsme, avait arrêté les Autrichiens dans leur succès, le général Bonaparte décida que sur son drapeau serait inscrite cette noble devise :
« La 75» ARRIVE ET BAT L'ENNEMI. »
C'est en souvenir de cette journée mémorable du 12 novembre 1796, que le drapeau du régiment porte encore, inscrit en lettres d'or, le nom de CALDIERO.
Le capitaine Lefèvre fut tué dans cette bataille, les capitaines Lacombe et Pontarède et le lieutenant Rey furent blessés, l’adjudant-major Buisson fut fait prisonnier.
La demi-brigade perdit : 29 hommes tués, 134 blessés et 33 prisonniers.
Le fusilier Marmet se précipita sur l’ennemi, tua deux hommes et en fit quatre prisonniers. Il fut, pour ce fait d'armes, nommé caporal par le général Bonaparte lui-même.
Bataille d’Arcole, —
Dans la nuit du 14 au 15 novembre, la division Augereau passa l’Adige sur
un pont jeté à hauteur de Ronco et se dirigea ensuite sur Arcole.
La division Masséna suivit de près la division Augereau; la 75° fut placée d'abord dans le bois
qui se trouve à droite du pont, pour servir de réserve, puis dirigée avec le reste de la division sur Porcil.
Il en résulta que, pendant la journée du 15 (1ère journée d'Arcole), la demi-brigade resta en
réserve jusqu'au soir; les grenadiers seuls prirent part au combat. A rentrée de la nuit, elle se trouvait en bataille sur la chaussée, où elle bivouaqua.
Le 16 novembre, au point du jour, la 75° fut chargée d'aller pousser une reconnaissance sur
Arcole; elle trouva l'ennemi embusqué dans le bois et derrière la digue du canal.
Les Autrichiens ouvrirent un feu très vif sur le I° bataillon, qui avait déjà dépassé les premières positions ennemies et engagé le combat. Mais le général Robert, qui commandait cette reconnaissance, craignant de perdre trop de monde, fit porter le bataillon engagé en arrière pour le rapprocher des deux autres, qui étaient en réserve.
L'ennemi, croyant à une retraite, sortit de ses embuscades pour le poursuivre, mais le bataillon, qui se retirait dans un ordre parfait, faisant alors volte-face, se précipita sur lui à la baïonnette et couvrit le terrain de morts et de blessés, sans compter les nombreux prisonniers qu'il fit dans cette contre-attaque.
La demi-brigade se battit toute la journée et conserva les positions prises à l'ennemi dans la
matinée, malgré le feu de l'artillerie et celui de la mousqueterie autrichienne. Les 1° et 2° bataillons bivouaquèrent sur le champ de bataille. Pendant la nuit, le 3° bataillon se porta au pont du canal, à l'embouchure de l’Adige. L'effectif de la 75° était, à ce moment, était de 1,530 hommes.
Le 17 novembre (27 brumaire, troisième journée de la lutte), les divisions passèrent le ruisseau d'Arcole. Le général Masséna prit à gauche avec la 18° demi-brigade et se dirigea sur Porcil. La 32° demi-brigade fut embusquée dans le bois à droite de la digue; la 18° légère se mit en bataille près du pont, que la 12° demi-brigade devait garder. Le général Robert avec la 75° fut placé au centre devant Arcole.
Le 3° bataillon de la 75°, qui occupait le pont, passa le canal dès le point du jour et se porta en
avant pour prendre l’ennemi en flanc.
Dans cette attaque énergique, le bataillon s'empara d'un canon et de son caisson, et fît éprouver à l'ennemi de très grandes pertes.
Le général Robert, à la tête des deux autres bataillons de la 75°, avait refoulé l'ennemi jusqu'au pont d'Arcole. Mais, poussé à son tour par des troupes fraîches et nombreuses, il dut battre en retraite et venir se reformer derrière la division Augereau. Les Autrichiens croyant que toute l'armée allait suivre ce mouvement rétrograde, s'avancèrent vers l'Adige.
Le général en chef Bonaparte porta alors en avant la 18° demi-brigade légère, qui les attaqua de front par la digue, pendant que le général Gardanne avec la 32° demi-brigade, sortant du bois dans lequel il était masqué, les prenait en flanc.
De son côté, le général Masséna, revenant à la course de Porcil, tomba sur la queue de la colonne ennemie; cette dernière attaque fut décisive. Pressés de trois côtés à la fois, les Autrichiens furent jetés en grande partie dans les marais, où la fusillade en fit périr un grand nombre. Plus de 3000 d'entre eux restèrent prisonniers.
Pendant cette journée mémorable, la 75° demi- brigade ne cessa pas de combattre et contribua
puissamment à la victoire.
Le chef de bataillon Caunigre, les capitaines Valotte, Johanny et Laurin, les lieutenants Loison et Peruos, les sous-lieutenants Blanchard et Robert furent tués dans ces trois journées. Les capitaines Lejeune, Taurin, Gruardet, Mouton, Hemery et Ragot, les lieutenants Broquise et Parisot, les sous-lieutenants Lanté et Bourdin furent grièvement blessés. Sept officiers dont quatre capitaines furent faits prisonniers.
La demi-brigade perdit : 101 hommes tués, 307 blessés, 202 prisonniers.
Le sergent Tourtel, qui avait déjà donné des preuves de sa valeur pendant cette campagne, porta des cartouches à ses camarades à travers le feu le plus violent et se chargea de transmettre des ordres pour faire agir la colonne de droite; il traversa l'ennemi avec beaucoup de sang-froid; sa démarche produisit un très grand effet.
Le sergent Hauffmann, le caporal Humblot, les grenadiers Latreille, Bullier, Frégier et Fays,
après avoir rallié quelques camarades, parvinrent, en se battant dans une circonstance très critique, à dégager 150 hommes qui avaient été faits prisonniers.
Le 18 novembre, la demi-brigade bivouaqua avec la division à Caldiéro; le 19 elle était à Vérone.
Affaire de Saint-Michel. —
Le 12 janvier 1797 (23 nivôse an V), l’ennemi ayant repoussé les avant- postes établis à Saint-Michel en avant de Vérone, la 75° demi-brigade marcha à sa rencontre, sous
les ordres du général Brune.
Les trois compagnies qui furent envoyés en éclaireurs se portèrent avec la 2° compagnie de grenadiers sur une batterie que l’ennemi avait établie sur la gauche de Saint-Michel et enlevèrent de vive force une pièce de canon et son caisson sans tirer un coup de fusil.
Le capitaine Laurin, le sous-lieutenant Castes et le caporal Verguet s'y précipitèrent les premiers. Le capitaine Laurin fut blessé, le capitaine Chauchefoin et le sous-lieutenant Castes furent tués.
Cinq compagnies du 2° bataillon commandées par le chef de bataillon Lourtonneau et à la tète
desquelles se porta le général Brune, furent chargées de cerner un corps ennemi qui s'était retranché dans un château entouré de murailles très hautes et permettant de tourner le champ de bataille. Il était très important de débusquer de ce point les Autrichiens, qui de là faisaient un feu terrible. Les compagnies se portèrent avec impétuosité jusque sous les murs.
Le général Brune, qui dirigeait l'attaque, reçut une décharge de sept coups de feu et le commandant Lourtonneau eut le bras cassé par une balle.
Ce chef de bataillon avant été mis hors de combat, le capitaine Garnik prit le commandement, se fît élever par quelques hommes sur le mur et se jeta à corps perdu dans la cour, à travers la fusillade. Le grenadier Latreille le suivit aussitôt en employant le même moyen. Le tambour Grollère fit battre la charge. ils firent à eux trois mettre bas les armes à tous les hommes qui
s'y trouvaient réunis. Ce trait de courage donna aux autres troupes le moyen d'entrer et de s'emparer du château, où l'on fit 500 prisonniers.
Le l° bataillon, qui était resté en réserve, ayant reçu l'ordre de marcher sur la droite autrichienne, chargea l'ennemi avec une telle impétuosité qu'il le mit dans une déroute complète, le poursuivit au delà de Saint-Martin et lui fil un grand nombre de
prisonniers.
Le 3° bataillon fut chargé de le tourner par la gauche vers Saint-Michel. Devant sa marche, les
Autrichiens battirent précipitamment en retraite dans le plus grand désordre.
Les sergents Hauffmann et Salis, dans l'ardeur du combat, s'élancèrent seuls dans les rangs ennemis et emmenèrent plusieurs hommes prisonniers, malgré un feu des plus violents. Hauffmann fut blessé.
Il y eut, dans celte journée, 13 hommes tués et 36 blessés.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier (23 et 24 nivôse), l'ennemi ayant poussé ses patrouilles près du fort de Vérone et une vive fusillade s'étant engagée, la demi-brigade se porta sur Saint-Michel et ne rentra qu'au jour.
Bataille de Rivoli. —
Dans la nuit du 13 au 14 janvier, la 75° demi-brigade se porta sur Rivoli.
Le l4 janvier 1797, à 10 heures du matin, les Autrichiens avaient déjà gagné le revers du mont
Magnone au delà de San-Marco.
Le moment était critique: Bonaparte pousse en avant le général Joubert à la tête de la 3° demi-
brigade, qui avait dû céder les retranchements d'Ostéria; puis, pour faire face à la colonne autrichienne de Lusignan et couvrir le flanc gauche de l’armée française, il ordonne au général Brune de gagner, avec la 75° demi -brigade, les hauteurs de Tiflaro.
Le général Brune, à la tête du 2° bataillon, se porte sur le village de Tiflaro et l’enlève de vive
force.
Le 3° bataillon fut chargé d'attaquer sur la gauche et de prendre l’ennemi en flanc. Il porta ses
coups si à propos, concurremment avec le 2° bataillon que l’ennemi fut chassé de toutes ses positions. Les Autrichiens perdirent beaucoup d'hommes dans celte attaque et les deux bataillons de la 75° leur firent un grand nombre de prisonniers. Mais à ce moment apparaissait la colonne de Lusignan, qui venait des environs d'Alfi et s'avançait sur les hauteurs do Tiflaro.
Malgré son infériorité, la brave 75°, à laquelle la 18° était jointe, chargea de nouveau les Autrichiens et ne se retira qu'après avoir réussi à leur faire quelques prisonniers. Lusignan, alors, n'éprouvant plus de résistance s'empara du mont Brunisi et s'avança par les crêtes du mont Pipolo sur les derrières de l'armée française.
Bonaparte pensant que le général Rey allait bientôt déboucher d'Orza, sur les derrières de cette colonne, reporta en avant la 18° demi-brigade légère et le l° bataillon de la 75°, avec une batterie de 12. Trois petites colonnes d'attaque se dirigèrent par Montidone sur la grande route et le chemin de Cosata.
Le l° bataillon de la 75°, opérant de concert avec la 18°, fut chargé d'attaquer la droite de la colonne ennemie. Il gravit la montagne avec une grande impétuosité et, sans tirer un coup de feu, il parvint à culbuter la droite de la colonne Lusignan et à la chasser successivement des hauteurs dont elle s'était rendue maîtresse. Lusignan, dépourvu de canon, se vit en outre décimé par l'artillerie et dut se retirer du mont Brunisi. Un de ses corps voulant tenir à la Croix de Pipolo, fut écrasé par Rey, qui débouchait d'Orza avec la 58°.
Dès lors, Lusignan, assailli de front par Mounier et Brune, avec la 18° légère et la 75°, chargé à revers par Rey, avec la 58°, fut complètement défait, et son corps ne trouva de salut que dans une retraite précipitée.
Beaucoup d'officiers, sous-officiers et soldats se distinguèrent d'une manière particulière dans
cette journée. Le, le capitaine Pomade et le lieutenant Violard furent blessés, le lieutenant Haim fut tué.
Il y eut 9 hommes tués et 29 blessés.
Le capitaine Labat se battit corps à corps avec un officier autrichien, qu'il fit prisonnier.
Le sergent Grangeon, du 3° bataillon ne consul- tant que son ardeur, se précipita seul au milieu d'un groupe ennemi et lui fit mettre bas les armes.
Le sergent Moulins et le caporal Armand ont fait, à eux seuls, 28 prisonniers pendant le combat.
Le sergent-major Refrognet, de la 3° compagnie du 3° bataillon a donné, dans cette journée, des preuves de sa valeur habituelle : A la tête de quelques soldats de sa compagnie, dont il s'était fait le partisan, il a grimpé la montagne le premier, au milieu du feu ennemi, et s'est élancé sur les Autrichiens, comme il l'a fait dans plusieurs occasions, avec un sang-froid et une intrépidité dignes d'éloges.
Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1797, la demi-brigade reçut l'ordre de se porter, à marches forcées, sur Roverbella.
Bataille de la Favorite. —
Pendant que ces divers événements s'accomplissaient à Rivoli, le général autrichien Provéra était aux prises avec le général Augereau. La colonne ennemie s'était avancée le 10 vers l'Adige pour passer cette rivière, mais le passage n'avait pu être tenté que le 13 janvier vers Anghiari. Provéra força le général Guyeux à la retraite et, le 14, se dirigea sur Nogara, où il bivouaqua.
Augereau essaya de le joindre, mais il ne put atteindre que son arrière-garde; il dut se contenter de brûler le seul pont par où Provéra, qui se dirigeait sur Mantoue, pouvait effectuer sa retraite.
Dès lors, Bonaparte essaya d'entourer Provéra.
Victor, à la tête de deux bataillons de la 57° demi-brigade, et Masséna, avec les 18°, 32° et 75° se dirigeaient sur Villafranca. Provéra arriva le 15 devant cette ville et se préparait à attaquer la citadelle, lorsqu'il fut entouré par les troupes de Victor, Serrurier et Rampon.
Le 16 janvier, la 75° partit de Roverbella pour se porter sur la Favorite.
Ce même jour, Wurmser essaya de sortir de Mantoue, où il était bloqué en se dirigeant vers la
Favorite et Saint- Antoine.
Victor, Dugua et Guyeux tenaient en échec la colonne Provéra et empêchaient ce dernier de se
lier avec Wurmser. Provéra, menacé de toutes parts, semblait n'avoir aucune chance de salut,
quand Miollis commandant de la place de Saint- Georges, tenta une sortie sur son flanc gauche. En même temps que Victor l'arrêtait en tête, les 32° et 75° demi-brigades l'attaquaient vigoureusement du côté de Castelleto, et Lannes le pressait en queue.
Provéra dut capituler.
Pendant le combat, qui avait lieu sous les murs de Mantoue, le général Bonaparte envoya un adjudant général pour faire délivrer des cartouches à la 18° demi-brigade, qui était en réserve, et qu'il voulait porter en avant pour compléter le succès. Mais les soldats, impatients d'aborder l’ennemi, s'écrièrent ensemble : « Nous n'avons pas besoin de cartouches avec ces gens-là: nos baïonnettes nous suffisent! »
Passages de la Piave et du Tagliamento.
Après des marches forcées, la 75°, faisant toujours partie de la division Masséna, vint prendre part aux affaires qui eurent lieu sur la Piave et le Tagliamento. Le 19 mars, sous les ordres du général Brune, elle formait l’avant-garde de la division Masséna et marchait sur Pontaire, où l’ennemi était retranché.
Les éclaireurs et les grenadiers s'emparèrent de la partie montagneuse et se précipitèrent, par là, sur les derrières de l’ennemi, qu'ils détruisirent en entier.
Combat de Tarvis. —
Dans la nuit du 23 au 24 mars (3 au 4 germinal), la demi-brigade, qui formait l'avant- garde commandée par le général Brune, marcha sur Klein-Tarvis, où l’ennemi était en position.
Le combat commença au point du jour. Les éclaireurs forcèrent les premiers postes et les poursuivirent sur la ligne de bataille. A 8 heures du matin, l'affaire s'engagea avec vigueur. L'ennemi chercha à tourner l’avant-garde, qui combattait seule contre le corps d'armée commandé en personne par le prince Charles.
Le 3° bataillon fut chargé de s'emparer des montagnes de gauche où les éclaireurs de l’ennemi
étaient déjà parvenus. Ce bataillon fit une marche si rapide dans la montagne et chargea l’ennemi avec une telle vigueur qu'en un instant il lui fit abandonner ses positions en lui faisant un grand nombre de prisonniers.
Quatre compagnies du 2° bataillon furent engagées contre une troupe ennemie qui s'était établie sur la montagne et parvinrent à la chasser de ses positions.
Le 1° bataillon attaqua le centre de la ligne autrichienne avec une grande vigueur et le mit en
déroute.
Le lieutenant Trémisot fut blessé grièvement, cet officier, à la tête de quelques éclaireurs, a
justifié d'une manière particulière la bravoure qu'il a montrée dans toutes les affaires, et a été blessé en donnant ses soins à un officier autrichien.
La demi-brigade perdit 8 hommes tués, 17 blessés et 21 prisonniers.
Par décret du 26 ventôse an IV (16 mars 1796), la 75° demi-brigade de ligne fut formée avec les anciennes 70°, 117° et 152° demi-brigades ; chaque bataillon ne reçut plus qu'une pièce de canon; les trois autres étaient destinées à la demi-brigade et servies par une compagnie de canonniers ; d'ailleurs ces pièces furent bientôt supprimées.
Ces demi-brigades s'étaient signalées les unes dans les Alpes et au siège de Toulon, les autres dans les armées du Nord et du Rhin. La 70°, désignée pour former la nouvelle 75°, venait de se distinguer dans les opérations de l'armée des Alpes sous Kellermann, notamment à l'attaque de la redoute de Mélogno, que les Piémontais de Coui venaient de nous enlever (27 juin 1795).
CAMPAGNES DES ANS IV ET V EN ITALIE
(1796-1797)
ARMÉE D'ITALIE
Général Bonaparte commandant en chef.
Division : Laharpe, Ménard, Masséna, Augereau,
Brigade : Pljon, Cervoni, Robert, Brune.
75° DEMI-BRIGADE DE LIGNE
(Colonel Maugras)
Au 16 mars 1796, date de sa formation, la 75° demi-brigade occupait la ville de Savone, la Madone et ses hauteurs. Le 25 mars, elle était détachée à Voltri, sous les ordres du général de
brigade Pijon, remplacé quelques jours après par le général Cervoni ; elle occupa toutes les positions qui dominent cette ville et étendit ses gardes jusqu'au faubourg de Saint-Pierre d'Arèna, près de Gènes.
L'ennemi n'avait pas encore porté de troupes sur ce point ; peu de jours après, s'effrayant de ce
mouvement, il y envoya un corps d'armée pour défendre le passage de la Bourretto.
Le 18 germinal an IV (7 avril 1796), l'ennemi attaqua avec des forces extrêmement supérieures nos avant-postes, qui durent se replier après plus de six heures de résistance ; mais, par une vigoureuse offensive, ils purent reprendre, dans la soirée, leurs positions du matin.
Le 9, le général en chef autrichien Beaulieu nous attaqua sur toute la ligne avec de l’artillerie ; la demi-brigade subit le feu le plus violent depuis 3 heures de l'après-midi jusqu'à 7 heures du soir.
La position del Prata di Cassine fut forcée ; une partie de la droite de la ligne ayant été rompue, on fut obligé de se replier pour couvrir Voltri. Quatre compagnies qui occupaient la position du Champ-des-Prétres s'étant attardées à une résistance opiniâtre, furent enveloppées ; elles réussirent cependant à s'ouvrir un passage en opérant leur retraite sur la montagne des Capucins.
Voltri se trouvant cerné, la demi-brigade se retira pendant la nuit sur Savone, dans le meilleur
ordre ; elle fut protégée par la 3° compagnie de grenadiers, qui occupait le poste des Capucins Cette compagnie fut attaquée à 10 heures du soir par l'ennemi, qui cherchait à intercepter la route.
La demi-brigade eut dans ces trois jours de combat : 1 officier tué et 7 prisonniers ; 16 hommes tués, 45 blessés et 148 prisonniers. L'ennemi éprouva des pertes beaucoup plus fortes en tués et blessés.
Le capitaine de grenadiers Gruardet se distingua dans le combat du 8 ; il résista à plus de 200 hommes avec 45 grenadiers, dans un retranchement qu'il avait fait élever pendant la nuit. Plusieurs soldats qui se trouvaient séparés se jetèrent dans les montagnes pour suivre la demi-brigade, plutôt que de se laisser faire prisonniers.
Le 21 germinal (10 avril), la demi-brigade étant arrivée à 5 heures du soir à Savone, le général
Bonaparte la passa en revue et lui témoigna sa satisfaction pour sa bravoure et son énergie pendant les combats autour de Voltri.
Montenotte. —
Le 11 avril, à 1 heure du matin, la 75° demi-brigade marcha sur les hauteurs de Montenotte avec les autres troupes de la division
Laharpe dont elle faisait partie.
L'ennemi fut culbuté à Montenotte. La division Laharpe, chargée de la poursuite, se porta dans les gorges de la Bormida et combattit avec un tel succès que l’ennemi fut partout mis en déroute. La 75° demi-brigade coupa la retraite au régiment de l'archiduc Antoine et le fit prisonnier. Le grenadier Boiron, de la 75°, enleva le drapeau du régiment de l’archiduc Antoine. La nuit qui suivit cette bataille la demi-brigade bivouaqua dans les gorges.
Le capitaine de grenadiers Lejeune, à la tête de sa compagnie, ayant rencontré un corps de Croates embusqués, se précipita sur lui et lui fit perdre beaucoup de monde.
Le sergent Huot, de cette compagnie, se battit au sabre contre six de ces Croates et fît quatre prisonniers; il fut ensuite assailli par un plus grand nombre, et, après avoir résisté un instant, il reçut trois blessures graves.
La demi-brigade eut seulement 8 hommes tués, 13 blessés et 6 prisonniers; elle se porta sur Cairo.
Dégo —
Le 24 germinal (13 avril), la demi-brigade, sous les ordres du général Cervoni était à la
prise de Dégo et des redoutes qui couvraient ce village.
Le 2° bataillon fut chargé d attaquer le centre de la position; le 3" bataillon, ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, passa à gué la rivière qui coule au bas du village et attaqua la gauche. Ces deux bataillons marchèrent au pas de charge, malgré le feu du canon et de la mousqueterie, et parvinrent, sans tirer, à s'emparer de la redoute sur laquelle ils avaient été dirigés, ainsi que de deux batteries qui en défendaient rapproche. L'ennemi fut mis en déroute et poursuivi à plus d'une lieue. Il eut beaucoup de morts et laissa entre nos mains de nombreux prisonniers. Le l° bataillon était resté en réserve derrière le centre de la ligne de bataille.
Dans la soirée, la demi-brigade prit ses bivouacs en avant de Cairo et y passa la nuit.
La 75° se battit encore le 14.
Le 15 avril la 75° bivouaque en arrière de Dégo.
Le lendemain 16, elle marche seule avec le général Laharpe pour s'emparer du village de Miolis, que l’ennemi évacua à son approche.
Le 17, elle rétrograda de Miolis sur Dégo, où elle bivouaqua les 18, 19 et 20 avril (28, 20 germinal et 1 floréal). Ce jour même 17, le général Robert prit le commandement de la demi-brigade.
Le 21 avril (2 floréal), elle se porta avec la division Laharpe à Mont-Barcaro.
Le 9 mai, l’ennemi s'étant porté sur Fombio, la demi-brigade fit une vigoureuse résistance à ses attaques, et le chassa le même jour de Codogno, dont il s'était emparé pendant la nuit, en lui faisant subir une perte considérable. Cette journée fut funeste à la division dont faisait partie la 75°. Le général Laharpe fut tué.
Le général Ménard prit le commandement de la division.
Le lieutenant Duisset, des grenadiers, reçut une blessure grave.
Le 11 mai, trois compagnies de grenadiers du régiment prirent part à l'attaque du pont de Lodi.
Attaque de Pizzigliettone, —
Le 13 mai, la 75° demi-brigade se trouvait devant Pizzigliettone; elle subit le feu de l'artillerie de cette place sur la chaussée de l'Adda pendant cinq heures.
Lorsque l'attaque fut décidée, le l° bataillon fut disposé sur la rive droite de l'Adda; le 2° fut placé sur la route à l'entrée de Pizzigliettone et attaqua vigoureusement de ce côté; enfin le 3° bataillon se porta contre la gauche du faubourg et s'en empara,
malgré le feu du rempart.
Le capitaine Sauvie, le lieutenant Nouvellier et le sous-lieutenant Gunther furent dangereusement blessés.
Passage du Mincio. —
Le 30 mai (11 prairial), la demi-brigade et le corps de la division Masséna, après une marche forcée, passèrent le Mincio. Les trois compagnies de grenadiers qui protégeaient le passage se distinguèrent d'une manière particulière.
Le capitaine Lejeune, à la tète de 25 ou 30 braves grenadiers, passa cette rivière ayant de l’eau jusqu'au cou.
Environ 200 grenadiers commandés par le capitaine Ragot se portèrent sur le pont du Mincio, qui était défendu par 500 ou 600 Autrichiens et 1 pièce d'artillerie, passèrent le pont en escaladant les poutres, et marchèrent au pas de charge, sans tirer, sur la redoute qui était placée à gauche du village de Borghetto; ils parvinrent à s'en emparer de vive
force et firent 500 prisonniers. Le capitaine Ragot fut dangereusement blessé et le lieutenant Muller fut tué.
Le fourrier Fugier, le sergent-major Chantemesse, les grenadiers Latreille, Bullier, Fugier, Fays et Sylvestre, qui avaient passé le Mincio à la nage, furent les premiers qui se jetèrent dans la redoute à travers la mitraille et les balles.
Le 31 mai (12 prairial), la demi-brigade et le corps de la division Masséna se portèrent sur Castelnuovo et le l juin sur Vérone.
Blocus de Mantoue — Pendant une partie du mois de juin, la 75° demi-brigade fut occupée au blocus de Mantoue. Le 13 juin elle passa sous les ordres du général Vaubois.
Expédition sur Livourne, —
La 75° fit partie de L’expédition sur Livourne. Quoiqu'elle n'eut pas à
combattre pendant cette expédition, ses fatigues furent considérables, à cause des chaleurs excessives qu'elle eut à supporter et des marches très pénibles qu'elle eut à faire. Elle arriva à Livourne et y tint garnison en août, septembre et octobre.
Passage de la Brenta, —
La 75° demi-brigade quitta Livourne et fut attachée à la division Masséna; le 4 novembre, elle arrivait à Vicence et le 6 elle attaquait l'ennemi qui venait de passer la Brenta: le 2° bataillon combattit à la droite, le 3° à la gauche ; ces deux bataillons conservèrent pendant
toute la journée ces deux positions importantes, dont la défense leur avait été confiée; le 1° bataillon, qui était en réserve et à découvert, resta en bataille et dans un ordre parfait, malgré le feu violent de l'artillerie ennemie.
Le capitaine Vincent, les lieutenants Lavoignet et Bras et le sous-lieutenant Hédon furent tués; le chef de bataillon Camus, les capitaines Bureau, et Mauguin les lieutenants Vatier, Mariage et Ritter furent blessés. Il y eut 25 hommes tués et 79 blessés.
Le grenadier Castagnet, de la 2° compagnie, reçut un coup de feu dangereux et ne quitta le combat qu'après avoir été blessé une seconde fois à l'épaule.
Dans la nuit du 6 au 7 novembre, la demi-brigade rétrograda avec la division sur Montebello. Les 8 et 9 novembre, elle fut au bivouac en avant de Vérone. Le 10 novembre, la division se porta sur Castelnuovo; enfin le 11, elle revint au bivouac à Saint- Antonio.
Bataille de Caldiéro, —
Le 12 novembre 1796, les Autrichiens, sous le commandement d'Alvinzi, s'étendaient du mont Olivetto à Caldiéro. Les divisions Masséna et Augereau se mirent en mouvement pour l’attaquer. La division Masséna, à laquelle appartenait la 75°, avait pour objectif la
droite ennemie, établie sur le mont Olivetto; la division Augereau devait se porter sur la gauche à Caldiéro.
Masséna, après avoir gagné le flanc des Autrichiens, était près de s'emparer d'une hauteur qui
commandait leur ligne, quand Alvinzi, faisant marcher les réserves autrichiennes, lança cinq bataillons, sous les ordres de Schurbitz, sur la gauche de Masséna.
Le temps était affreux, le grésil tombait depuis le matin, poussé par un violent vent du nord-est qui le chassait contre la figure de nos soldats et les aveuglait. Le général Masséna, pris à revers par Schurbitz fut contraint d'abandonner le terrain qu'il avait gagné et dut battre en retraite.
Il était 3 heures de l'après-midi; Bonaparte fit alors avancer la 75° restée en réserve jusqu'à ce
moment. Le 3° bataillon fut chargé d'arrêter l'ennemi victorieux, qui déjà s'était avancé jusque dans la plaine; il le contint jusqu'à la nuit, malgré l'énorme disproportion de forces et une vive canonnade.
Grâce à cette vigoureuse résistance, l'armée française, reconstituée, put se retirer sur Vérone. La 75° demi-brigade entière soutint avec vigueur la retraite par échelons, arrêta les colonnes ennemies qui cherchaient à couper l'armée et les força à rétrograder.
En récompense de la conduite de la 75° demi- brigade, qui, seule, par son héroïsme, avait arrêté les Autrichiens dans leur succès, le général Bonaparte décida que sur son drapeau serait inscrite cette noble devise :
« La 75» ARRIVE ET BAT L'ENNEMI. »
C'est en souvenir de cette journée mémorable du 12 novembre 1796, que le drapeau du régiment porte encore, inscrit en lettres d'or, le nom de CALDIERO.
Le capitaine Lefèvre fut tué dans cette bataille, les capitaines Lacombe et Pontarède et le lieutenant Rey furent blessés, l’adjudant-major Buisson fut fait prisonnier.
La demi-brigade perdit : 29 hommes tués, 134 blessés et 33 prisonniers.
Le fusilier Marmet se précipita sur l’ennemi, tua deux hommes et en fit quatre prisonniers. Il fut, pour ce fait d'armes, nommé caporal par le général Bonaparte lui-même.
Bataille d’Arcole, —
Dans la nuit du 14 au 15 novembre, la division Augereau passa l’Adige sur
un pont jeté à hauteur de Ronco et se dirigea ensuite sur Arcole.
La division Masséna suivit de près la division Augereau; la 75° fut placée d'abord dans le bois
qui se trouve à droite du pont, pour servir de réserve, puis dirigée avec le reste de la division sur Porcil.
Il en résulta que, pendant la journée du 15 (1ère journée d'Arcole), la demi-brigade resta en
réserve jusqu'au soir; les grenadiers seuls prirent part au combat. A rentrée de la nuit, elle se trouvait en bataille sur la chaussée, où elle bivouaqua.
Le 16 novembre, au point du jour, la 75° fut chargée d'aller pousser une reconnaissance sur
Arcole; elle trouva l'ennemi embusqué dans le bois et derrière la digue du canal.
Les Autrichiens ouvrirent un feu très vif sur le I° bataillon, qui avait déjà dépassé les premières positions ennemies et engagé le combat. Mais le général Robert, qui commandait cette reconnaissance, craignant de perdre trop de monde, fit porter le bataillon engagé en arrière pour le rapprocher des deux autres, qui étaient en réserve.
L'ennemi, croyant à une retraite, sortit de ses embuscades pour le poursuivre, mais le bataillon, qui se retirait dans un ordre parfait, faisant alors volte-face, se précipita sur lui à la baïonnette et couvrit le terrain de morts et de blessés, sans compter les nombreux prisonniers qu'il fit dans cette contre-attaque.
La demi-brigade se battit toute la journée et conserva les positions prises à l'ennemi dans la
matinée, malgré le feu de l'artillerie et celui de la mousqueterie autrichienne. Les 1° et 2° bataillons bivouaquèrent sur le champ de bataille. Pendant la nuit, le 3° bataillon se porta au pont du canal, à l'embouchure de l’Adige. L'effectif de la 75° était, à ce moment, était de 1,530 hommes.
Le 17 novembre (27 brumaire, troisième journée de la lutte), les divisions passèrent le ruisseau d'Arcole. Le général Masséna prit à gauche avec la 18° demi-brigade et se dirigea sur Porcil. La 32° demi-brigade fut embusquée dans le bois à droite de la digue; la 18° légère se mit en bataille près du pont, que la 12° demi-brigade devait garder. Le général Robert avec la 75° fut placé au centre devant Arcole.
Le 3° bataillon de la 75°, qui occupait le pont, passa le canal dès le point du jour et se porta en
avant pour prendre l’ennemi en flanc.
Dans cette attaque énergique, le bataillon s'empara d'un canon et de son caisson, et fît éprouver à l'ennemi de très grandes pertes.
Le général Robert, à la tête des deux autres bataillons de la 75°, avait refoulé l'ennemi jusqu'au pont d'Arcole. Mais, poussé à son tour par des troupes fraîches et nombreuses, il dut battre en retraite et venir se reformer derrière la division Augereau. Les Autrichiens croyant que toute l'armée allait suivre ce mouvement rétrograde, s'avancèrent vers l'Adige.
Le général en chef Bonaparte porta alors en avant la 18° demi-brigade légère, qui les attaqua de front par la digue, pendant que le général Gardanne avec la 32° demi-brigade, sortant du bois dans lequel il était masqué, les prenait en flanc.
De son côté, le général Masséna, revenant à la course de Porcil, tomba sur la queue de la colonne ennemie; cette dernière attaque fut décisive. Pressés de trois côtés à la fois, les Autrichiens furent jetés en grande partie dans les marais, où la fusillade en fit périr un grand nombre. Plus de 3000 d'entre eux restèrent prisonniers.
Pendant cette journée mémorable, la 75° demi- brigade ne cessa pas de combattre et contribua
puissamment à la victoire.
Le chef de bataillon Caunigre, les capitaines Valotte, Johanny et Laurin, les lieutenants Loison et Peruos, les sous-lieutenants Blanchard et Robert furent tués dans ces trois journées. Les capitaines Lejeune, Taurin, Gruardet, Mouton, Hemery et Ragot, les lieutenants Broquise et Parisot, les sous-lieutenants Lanté et Bourdin furent grièvement blessés. Sept officiers dont quatre capitaines furent faits prisonniers.
La demi-brigade perdit : 101 hommes tués, 307 blessés, 202 prisonniers.
Le sergent Tourtel, qui avait déjà donné des preuves de sa valeur pendant cette campagne, porta des cartouches à ses camarades à travers le feu le plus violent et se chargea de transmettre des ordres pour faire agir la colonne de droite; il traversa l'ennemi avec beaucoup de sang-froid; sa démarche produisit un très grand effet.
Le sergent Hauffmann, le caporal Humblot, les grenadiers Latreille, Bullier, Frégier et Fays,
après avoir rallié quelques camarades, parvinrent, en se battant dans une circonstance très critique, à dégager 150 hommes qui avaient été faits prisonniers.
Le 18 novembre, la demi-brigade bivouaqua avec la division à Caldiéro; le 19 elle était à Vérone.
Affaire de Saint-Michel. —
Le 12 janvier 1797 (23 nivôse an V), l’ennemi ayant repoussé les avant- postes établis à Saint-Michel en avant de Vérone, la 75° demi-brigade marcha à sa rencontre, sous
les ordres du général Brune.
Les trois compagnies qui furent envoyés en éclaireurs se portèrent avec la 2° compagnie de grenadiers sur une batterie que l’ennemi avait établie sur la gauche de Saint-Michel et enlevèrent de vive force une pièce de canon et son caisson sans tirer un coup de fusil.
Le capitaine Laurin, le sous-lieutenant Castes et le caporal Verguet s'y précipitèrent les premiers. Le capitaine Laurin fut blessé, le capitaine Chauchefoin et le sous-lieutenant Castes furent tués.
Cinq compagnies du 2° bataillon commandées par le chef de bataillon Lourtonneau et à la tète
desquelles se porta le général Brune, furent chargées de cerner un corps ennemi qui s'était retranché dans un château entouré de murailles très hautes et permettant de tourner le champ de bataille. Il était très important de débusquer de ce point les Autrichiens, qui de là faisaient un feu terrible. Les compagnies se portèrent avec impétuosité jusque sous les murs.
Le général Brune, qui dirigeait l'attaque, reçut une décharge de sept coups de feu et le commandant Lourtonneau eut le bras cassé par une balle.
Ce chef de bataillon avant été mis hors de combat, le capitaine Garnik prit le commandement, se fît élever par quelques hommes sur le mur et se jeta à corps perdu dans la cour, à travers la fusillade. Le grenadier Latreille le suivit aussitôt en employant le même moyen. Le tambour Grollère fit battre la charge. ils firent à eux trois mettre bas les armes à tous les hommes qui
s'y trouvaient réunis. Ce trait de courage donna aux autres troupes le moyen d'entrer et de s'emparer du château, où l'on fit 500 prisonniers.
Le l° bataillon, qui était resté en réserve, ayant reçu l'ordre de marcher sur la droite autrichienne, chargea l'ennemi avec une telle impétuosité qu'il le mit dans une déroute complète, le poursuivit au delà de Saint-Martin et lui fil un grand nombre de
prisonniers.
Le 3° bataillon fut chargé de le tourner par la gauche vers Saint-Michel. Devant sa marche, les
Autrichiens battirent précipitamment en retraite dans le plus grand désordre.
Les sergents Hauffmann et Salis, dans l'ardeur du combat, s'élancèrent seuls dans les rangs ennemis et emmenèrent plusieurs hommes prisonniers, malgré un feu des plus violents. Hauffmann fut blessé.
Il y eut, dans celte journée, 13 hommes tués et 36 blessés.
Dans la nuit du 12 au 13 janvier (23 et 24 nivôse), l'ennemi ayant poussé ses patrouilles près du fort de Vérone et une vive fusillade s'étant engagée, la demi-brigade se porta sur Saint-Michel et ne rentra qu'au jour.
Bataille de Rivoli. —
Dans la nuit du 13 au 14 janvier, la 75° demi-brigade se porta sur Rivoli.
Le l4 janvier 1797, à 10 heures du matin, les Autrichiens avaient déjà gagné le revers du mont
Magnone au delà de San-Marco.
Le moment était critique: Bonaparte pousse en avant le général Joubert à la tête de la 3° demi-
brigade, qui avait dû céder les retranchements d'Ostéria; puis, pour faire face à la colonne autrichienne de Lusignan et couvrir le flanc gauche de l’armée française, il ordonne au général Brune de gagner, avec la 75° demi -brigade, les hauteurs de Tiflaro.
Le général Brune, à la tête du 2° bataillon, se porte sur le village de Tiflaro et l’enlève de vive
force.
Le 3° bataillon fut chargé d'attaquer sur la gauche et de prendre l’ennemi en flanc. Il porta ses
coups si à propos, concurremment avec le 2° bataillon que l’ennemi fut chassé de toutes ses positions. Les Autrichiens perdirent beaucoup d'hommes dans celte attaque et les deux bataillons de la 75° leur firent un grand nombre de prisonniers. Mais à ce moment apparaissait la colonne de Lusignan, qui venait des environs d'Alfi et s'avançait sur les hauteurs do Tiflaro.
Malgré son infériorité, la brave 75°, à laquelle la 18° était jointe, chargea de nouveau les Autrichiens et ne se retira qu'après avoir réussi à leur faire quelques prisonniers. Lusignan, alors, n'éprouvant plus de résistance s'empara du mont Brunisi et s'avança par les crêtes du mont Pipolo sur les derrières de l'armée française.
Bonaparte pensant que le général Rey allait bientôt déboucher d'Orza, sur les derrières de cette colonne, reporta en avant la 18° demi-brigade légère et le l° bataillon de la 75°, avec une batterie de 12. Trois petites colonnes d'attaque se dirigèrent par Montidone sur la grande route et le chemin de Cosata.
Le l° bataillon de la 75°, opérant de concert avec la 18°, fut chargé d'attaquer la droite de la colonne ennemie. Il gravit la montagne avec une grande impétuosité et, sans tirer un coup de feu, il parvint à culbuter la droite de la colonne Lusignan et à la chasser successivement des hauteurs dont elle s'était rendue maîtresse. Lusignan, dépourvu de canon, se vit en outre décimé par l'artillerie et dut se retirer du mont Brunisi. Un de ses corps voulant tenir à la Croix de Pipolo, fut écrasé par Rey, qui débouchait d'Orza avec la 58°.
Dès lors, Lusignan, assailli de front par Mounier et Brune, avec la 18° légère et la 75°, chargé à revers par Rey, avec la 58°, fut complètement défait, et son corps ne trouva de salut que dans une retraite précipitée.
Beaucoup d'officiers, sous-officiers et soldats se distinguèrent d'une manière particulière dans
cette journée. Le, le capitaine Pomade et le lieutenant Violard furent blessés, le lieutenant Haim fut tué.
Il y eut 9 hommes tués et 29 blessés.
Le capitaine Labat se battit corps à corps avec un officier autrichien, qu'il fit prisonnier.
Le sergent Grangeon, du 3° bataillon ne consul- tant que son ardeur, se précipita seul au milieu d'un groupe ennemi et lui fit mettre bas les armes.
Le sergent Moulins et le caporal Armand ont fait, à eux seuls, 28 prisonniers pendant le combat.
Le sergent-major Refrognet, de la 3° compagnie du 3° bataillon a donné, dans cette journée, des preuves de sa valeur habituelle : A la tête de quelques soldats de sa compagnie, dont il s'était fait le partisan, il a grimpé la montagne le premier, au milieu du feu ennemi, et s'est élancé sur les Autrichiens, comme il l'a fait dans plusieurs occasions, avec un sang-froid et une intrépidité dignes d'éloges.
Dans la nuit du 14 au 15 janvier 1797, la demi-brigade reçut l'ordre de se porter, à marches forcées, sur Roverbella.
Bataille de la Favorite. —
Pendant que ces divers événements s'accomplissaient à Rivoli, le général autrichien Provéra était aux prises avec le général Augereau. La colonne ennemie s'était avancée le 10 vers l'Adige pour passer cette rivière, mais le passage n'avait pu être tenté que le 13 janvier vers Anghiari. Provéra força le général Guyeux à la retraite et, le 14, se dirigea sur Nogara, où il bivouaqua.
Augereau essaya de le joindre, mais il ne put atteindre que son arrière-garde; il dut se contenter de brûler le seul pont par où Provéra, qui se dirigeait sur Mantoue, pouvait effectuer sa retraite.
Dès lors, Bonaparte essaya d'entourer Provéra.
Victor, à la tête de deux bataillons de la 57° demi-brigade, et Masséna, avec les 18°, 32° et 75° se dirigeaient sur Villafranca. Provéra arriva le 15 devant cette ville et se préparait à attaquer la citadelle, lorsqu'il fut entouré par les troupes de Victor, Serrurier et Rampon.
Le 16 janvier, la 75° partit de Roverbella pour se porter sur la Favorite.
Ce même jour, Wurmser essaya de sortir de Mantoue, où il était bloqué en se dirigeant vers la
Favorite et Saint- Antoine.
Victor, Dugua et Guyeux tenaient en échec la colonne Provéra et empêchaient ce dernier de se
lier avec Wurmser. Provéra, menacé de toutes parts, semblait n'avoir aucune chance de salut,
quand Miollis commandant de la place de Saint- Georges, tenta une sortie sur son flanc gauche. En même temps que Victor l'arrêtait en tête, les 32° et 75° demi-brigades l'attaquaient vigoureusement du côté de Castelleto, et Lannes le pressait en queue.
Provéra dut capituler.
Pendant le combat, qui avait lieu sous les murs de Mantoue, le général Bonaparte envoya un adjudant général pour faire délivrer des cartouches à la 18° demi-brigade, qui était en réserve, et qu'il voulait porter en avant pour compléter le succès. Mais les soldats, impatients d'aborder l’ennemi, s'écrièrent ensemble : « Nous n'avons pas besoin de cartouches avec ces gens-là: nos baïonnettes nous suffisent! »
Passages de la Piave et du Tagliamento.
Après des marches forcées, la 75°, faisant toujours partie de la division Masséna, vint prendre part aux affaires qui eurent lieu sur la Piave et le Tagliamento. Le 19 mars, sous les ordres du général Brune, elle formait l’avant-garde de la division Masséna et marchait sur Pontaire, où l’ennemi était retranché.
Les éclaireurs et les grenadiers s'emparèrent de la partie montagneuse et se précipitèrent, par là, sur les derrières de l’ennemi, qu'ils détruisirent en entier.
Combat de Tarvis. —
Dans la nuit du 23 au 24 mars (3 au 4 germinal), la demi-brigade, qui formait l'avant- garde commandée par le général Brune, marcha sur Klein-Tarvis, où l’ennemi était en position.
Le combat commença au point du jour. Les éclaireurs forcèrent les premiers postes et les poursuivirent sur la ligne de bataille. A 8 heures du matin, l'affaire s'engagea avec vigueur. L'ennemi chercha à tourner l’avant-garde, qui combattait seule contre le corps d'armée commandé en personne par le prince Charles.
Le 3° bataillon fut chargé de s'emparer des montagnes de gauche où les éclaireurs de l’ennemi
étaient déjà parvenus. Ce bataillon fit une marche si rapide dans la montagne et chargea l’ennemi avec une telle vigueur qu'en un instant il lui fit abandonner ses positions en lui faisant un grand nombre de prisonniers.
Quatre compagnies du 2° bataillon furent engagées contre une troupe ennemie qui s'était établie sur la montagne et parvinrent à la chasser de ses positions.
Le 1° bataillon attaqua le centre de la ligne autrichienne avec une grande vigueur et le mit en
déroute.
Le lieutenant Trémisot fut blessé grièvement, cet officier, à la tête de quelques éclaireurs, a
justifié d'une manière particulière la bravoure qu'il a montrée dans toutes les affaires, et a été blessé en donnant ses soins à un officier autrichien.
La demi-brigade perdit 8 hommes tués, 17 blessés et 21 prisonniers.
le scribe
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